En mars 2017, les éditions Glénat se lançaient, sous la houlette de Jean-Yves Delitte, peintre officiel de la Marine, dans une nouvelle collection dédiée aux grandes batailles navales. Une dizaine d’albums sont parus, de Salamine à Lépante, de Trafalgar à Tsou-Shima… Il n’était pas envisageable d’occulter la bataille aéronavale de Midway (1942), laquelle sonna le glas de la domination de la Marine nippone dans l’océan Pacifique.
Alors que pour la plupart des albums de cette collection, Jean-Yves Delitte assure la totalité du travail, il est fait appel ici à Giuseppe Baiguera pour le dessin. Il est vraisemblable que Delitte se sente moins à l’aise pour la représentation d’avions que de bateaux. En tout cas, que ce soient les Nakajima B6N Tenzan, Brewster F2A Buffalo, les incontournables Mitsubishi A6M Zéro et Douglas SBD-3 Dauntless, ou encore le Consolidated PBY-5A Catalina, il n’y a rien à redire quand à leur dessin. Ils sont justes de forme et ne souffrent pas d’erreurs de perspective. À la couleur, Denis Béchu joue une partition réussie. Le tandem qu’il forme avec Guiseppe Baiguera s’avère autant à l’aise dans les paysages estivaux qu’hivernaux, maritimes que terrestres. Collection marine oblige, les images du cuirassé géant Yamato dans le port-arsenal de Kure en imposent. Les personnages sont correctement campés : l’amiral Isoroku Yamamoto est très reconnaissable.
Des combats rapprochés… peut-être même un peu trop. ©Éditions Glénat
En revanche, fidèle à ses habitudes et au schéma des autres albums de la série, Jean-Yves Delitte propose un scénario un peu particulier : l’action de la bataille de Midway proprement dite est traitée en une dizaine de pages seulement, si bien que les opérations de cet événement d’une complexité certaine semblent à peine ébauchées, dans une sorte de confusion lacunaire. Pas un mot sur les atermoiements de Nagumo, l’amiral Spruance ne semble pas exister… En revanche, ce qui est fort bien – et amplement – traité, ce sont, tant du coté japonais qu’américain, les prémices de l’affrontement et la compréhension (nécessairement biaisée) des événements par le quidam lambda. Nous assistons à des échanges contradictoires entre marins nippons, à des incompréhensions chez des pilotes US… La propagande et le « secret défense » sont à l’œuvre.
La façon dont est traité le sujet peut laisser perplexe, mais les principales lacunes sont comblées dans un « dossier » de six pages (plus un glossaire) de textes illustrés de photos*. Cette structure est commune aux albums de cette série. Il n’est pas aisé de déterminer à quel type de lecteur s’adresse cette collection. Aux passionnés des « choses de la mer » ? Pas suffisamment marin. Aux amateurs d’Histoire ? Pas sûr. Peut-être convient-il d’assimiler ces albums à des récits romancés sur fond historique en ce qui concerne la parie « bandes dessinées », les quelques pages de textes assurant le versant « documentaire ».
Philippe Ballarini
56 pages, 24 x 32cm, relié
NDLR : Pour en savoir davantage sur Midway, nous vous suggérons (occasion) :
– Aéro-Journal hors-série N°14 (2013) – La bataille de Midway (Christian-Jacques Ehrengardt)
– Batailles Aériennes N°22 (2002) – Midway : la revanche (Michel Ledet)
* Dans les six pages du « dossier », trois photos d’avions… dont un Curtiss P-40 Warhawk dont aucun exemplaire n’était stationné à Midway en juin 1942 (remerciements à Guy Julien).
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Glénat
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© Éditions Glénat
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