À son départ en retraite, Jean Belotti, ancien commandant de bord Air France, est devenu un auteur prolifique qui profite de son expérience pour expliquer ce qui a constitué pendant des décennies son environnement professionnel qu’il continue à observer avec l’œil d’un expert.
Pour ce nouveau livre, il reprend une méthode narrative qu’il avait utilisée dans un ouvrage précédent, en se mettant en scène et imaginant un dialogue entre lui-même, passager d’un long-courrier, et sa voisine de fauteuil, jouant quant à elle le rôle du candide. Cet artifice narratif, comme l’annonce la quatrième de couverture « permet une lecture très facile (…) sans aucune connaissance spécifique préalable » pour expliquer ce qu’est aujourd’hui le transport aérien.
Car c’est à une véritable somme à laquelle s’est attaquée l’auteur : définir le transport aérien d’aujourd’hui, son organisation, son fonctionnement, ses enjeux, économiques comme écologiques, la sûreté et la sécurité des aéronefs, des aéroports et des passagers, son avenir… L’immense érudition et l’expérience personnelle de l’auteur sont sensibles au long des 500 pages de cet ouvrage, mais…
Car il y a un mais. Non pas sur le fond, car l’auteur maîtrise heureusement l’ensemble des champs de son discours, mais sur la forme : les dialogues fictifs entre l’auteur et son candide sonnent faux. L’interlocutrice alterne la candeur avec une culture aéronautique qui dépasse de loin celle du passager le plus averti.
La forme choisie pourrait parfaitement fonctionner pour un livre plus court, mais au vu de la somme que constitue cet ouvrage, ne se prête guère à un volume présenté comme devant être un outil de référence pour les « étudiants, chercheurs (…), experts, avocats, (…) journalistes ».
La lecture est également compliquée par la présence de 730 notes renvoyées en fin de livre, pratique qui oblige le lecteur à d’incessants allers-retours brisant le rythme de la lecture. On pourrait passer outre, mais ce serait dommage, tant certaines sont passionnantes ou édifiantes. On peut également s’interroger sur les raisons qui ont fait que certaines anecdotes ou démonstrations ont été ainsi reléguées en fin de volume alors qu’elles auraient tout à fait leur place dans le corps principal de l’ouvrage. Décidément, je reste partisan de la note de bas de page ! Autre défaut mineur : une annexe reprend les différents noms propres cités au fil de l’ouvrage, mais sans aucune indication de page. La fausse bonne idée d’un choix littéraire peu adapté réduit l’efficacité de cet ouvrage docte, documenté et solidement argumenté.
Frédéric Marsaly
526 pages, 15,5 x 24 cm , couverture souple pelliculée
Préface de Gérad Feldzer