Lorsque les Soviétiques se rendirent compte, au début des années cinquante, que leur territoire (et en particulier leurs bases aériennes) était désormais à la portée des bombardiers du Strategic Air Command (essentiellement grâce aux progrès du ravitaillement en vol), ils ordonnèrent la conception d’un nouveau chasseur susceptible de contrer cette menace. Le MiG-21, appareil emblématique de la Guerre froide, n’était donc à l’origine qu’un simple intercepteur à l’autonomie très limitée. Qui aurait pu imaginer à l’époque le fabuleux destin de cet avion qui, avec plus de 11 000 exemplaires, demeure l’avion à réaction le plus construit de l’histoire de l’aviation ?
Outre l’URSS et les pays du Pacte de Varsovie qu’il équipa largement, en plus des autres pays du « bloc communiste » comme la Chine, le Nord-Vietnam ou Cuba, le MiG-21 (code OTAN Fishbed) fut (voire demeure) utilisé dans bon nombre de pays, de la Finlande à l’Égypte en passant par la moitié de l’Afrique et la quasi-totalité du continent asiatique. Utilisé par nombre de pays en raison de sa rusticité, de l’immense disponibilité en pièces de rechange et de son prix très modique, le MiG-21 est pour beaucoup de pays aux moyens financiers limités une solution toujours en vigueur un demi-siècle après sa première mise en service, d’autant plus que des programmes de modernisation sont encore développés à ce jour.
Souvent un peu boudé en France par les maquettistes et les amateurs d’aviation malgré une allure très typique, le MiG-21 mérite autre chose que ce désintérêt vraisemblablement dû à sa naissance du « mauvais côté » du Rideau de fer. Nombreuses versions et variantes, parfois construites hors d’URSS, mosaïque de camouflages et de marques, le douzième volume de la collection Avions & Pilotes ouvre une fenêtre sur l’extraordinaire variété d’appareils ayant existé sous la désignation « MiG-21 ». Certes de quoi meubler quelques années de la vie d’un maquettiste, mais également un intéressant outil documentaire pour un amateur d’histoire de l’aviation.
Sur la forme, pas de surprise : une seconde fois, Gérard Paloque signe seul les textes et les très nombreux profils, comme ce fut le cas pour le F-4 Phantom. Un petit coup de chapeau pour la mise en page qui demeure suffisamment aérée : faire entrer dans les 96 pages habituelles autant de profils, de textes, de tableaux et de photographies, tout cela sans donner l’impression qu’on a utilisé un chausse-pied pour tout faire entrer, ce n’est pas du travail d’amateur !
Après quelques pages concises sur la genèse, le développement et l’évolution du MiG-21, une double page donnant les détails extérieurs des différentes versions, on arrive au plat de résistance : de l’Afghanistan au Zimbabwe, l’ensemble des pays utilisateurs avec, pour chacun, un texte et des profils. Comme d’habitude, c’est sérieux, équilibré, propre, net, bien imprimé sur du papier glacé bien épais. Décidément, cette double approche « histoire + maquettisme » a bien des attraits.
Philippe Ballarini
96 pages, 20 x 24 cm, couverture souple dos carré