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Coup de cœur |
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Ce (superbe) livre s’ouvre sur une introduction de l’auteur précisant le champ de son étude. En effet, cet ouvrage étant conçu pour être consulté par un large public, il était important de clarifier le titre. Est donc rappelée la différence entre arme tactique* et arme stratégique*, de même qu’est précisée la définition du mot missile*. Dans la même introduction, Patrick Mercillon nous informe ― démarche peu courante — que ce livre est une œuvre de commande de la société MBDA*, au sein de laquelle il fut directeur de la communication (et « historien maison »).
L’ouvrage étant bâti selon une trame chronologique, l’esprit curieux découvrira dans le premier chapitre des tentatives remontant à… 1914. Pas de « missile » au sens contemporain, mais des avions sans pilote bénéficiant des premières tentatives de guidage. Il est dommage que ce sujet soit un peu marginal au regard du thème général de l’ouvrage : il aborde un sujet très rarement traité.
Après une évocation de la « préhistoire » des missiles, et avant que l’on en vienne aux débuts des engins opérationnels, célèbres Fieseler Fi 103 (V1) et Aggregat A4 (V2), nous assistons aux tentatives de l’entre-deux guerres auxquelles se livrèrent quasiment tous les futurs belligérants. Quand vient le tour de la Seconde Guerre mondiale d’être évoquée, le lecteur trouvera nombre d’armes guidées, allemandes bien entendu, mais également britanniques et américaines.
Avec le seconde partie (La période pionnière en Europe 1946-1958), nous entrons dans le vif du sujet, avec les véritables débuts dans les pays européens (France, Royaume-Uni, Italie, RFA), avec souvent comme base de départ l’étude des matériels allemands. Sur fond de tensions Est-Ouest, on assiste à une rapide diversification des engins et à leur perfectionnement : air-air, sol-air, antichar, missiles navals, etc.
La Guerre froide fut ― comme tout conflit majeur ― à l’origine d’une course aux armements, aucun des camps ne pouvant s’offrir le luxe d’être à la traîne. Cela passa bien évidement par des avancées technologiques, mais également par des regroupements de sociétés et des coopérations. Les parties suivantes nous mènent, décennie après décennie, aux missiles actuels, avec une ouverture sur un futur proche.
L’approche de l’auteur ne manque pas d’intérêt. Si bien entendu le premier lectorat visé par cet ouvrage est le monde des clients militaires potentiels, Patrick Mercillon nous livre un document abordable par tous. Il ne s’en est pas tenu à la simple approche technique ; les autres facettes du sujet sont abordées : politique internationale et stratégie industrielle contribuent (entre autres) à une bonne compréhension du sujet.
Un « beau livre » ne serait pas un « beau livre » sans illustrations de qualité. Outre les nombreuses photographies, majoritairement en couleur, cet imposant volume recèle plusieurs centaines (rien que ça !) de dessins en 3D dus à Daniel Bechennec dont le talent et la méticulosité sont bien connus des amateurs d’aviation, entre autres pour ses couvertures du Fana de l’aviation ou des Cahiers de l’ARDHAN.
Un soin particulier a été apporté à la réalisation de ce livre d’exception, livré dans un étui rigide. Missiles tactiques européens pourrait n’être qu’un « livre d’entreprise », un de ces ouvrages à portée essentiellement publicitaire, voire hagiographique ; il s’avère clairement de portée encyclopédique et nous paraît être de nature à faire date.
Une petite précision : ce « très beau livre » est vendu 30 % moins cher que son alter ego traitant de Lorraine-Dietrich. On envisagera volontiers que la raison en est le fait que la société MBDA en ayant vraisemblablement commandé une quantité conséquente, cela a pu avoir pour conséquence une baisse du prix de revient à l’unité. Raison de plus pour en profiter.
Philippe Ballarini
* Tactique et stratégie : « …la première ordonne et dirige l’action dans les combats, tandis que la seconde relie les combats les uns aux autres pour arriver aux fins de la guerre recouvre un ensemble de moyens coordonnés sur l’ensemble. » ( De la guerre, von Clausewitz, 1832)
* Fruit d’une série de fusions de sociétés européennes qui débutèrent en 1966, MBDA occupe actuellement la seconde place du marché mondial des missiles.
* Les missiles étant des engins guidés ou embarquant leur système de guidage, les fusées « à la Congrève » et autres « Le Prieur » ne sont pas évoquées.
432 pages, 24 x 29 cm, relié + jaquette, 700 illustrations
2,965 kg
– Le second volet de cette étude : Missiles européens au combat