Missions « Kimono » 18 : El « Chino »

Attention ! Ce texte révèle des éléments de l’intrigue. Si vous n’avez pas lu les deux autres albums de ce sixième cycle, nous vous invitons à lire notre analyse de Missions Kimono 16, Éternel retour

L’album El Chino clôt l’aventure en trois volets commencée par Éternel retour. Si le scénario de cette trilogie commençait de façon « pépère », le rythme s’est rapidement accéléré jusqu’à devenir franchement endiablé dans ce dix-huitième opus des Missions Kimono. Il est vrai que l’interception d’un Rallye* rose et blanc et les gentilles péripéties matrimoniales de Phébus ne présageaient rien de bien palpitant. Fausse impression, car cet album-ci est singulièrement trépidant, avec un scénario composé d’une suite d’événements tous inattendus. On se souvient que l’un des équipiers de Jacques-Yves Fleuret et de « Mittel » projetait de livrer à une puissance étrangère un prototype de pod de reconnaissance ultra-secret. L’ensemble de cet album est construit autour de péripéties diablement rythmées, savamment découpées… et empêchant le malheureux lecteur de faire une pause tant la pression monte au fil des pages. À la fin de chaque planche, on s’empresse de passer à la suivante, pris par un scénario mené de main de maître.

Deux erreurs majeures à ne pas commettre : d’une part ne pas être en mesure de supporter le suspense et filer à la dernière planche, et d’autre part, pour la même raison, survoler les vignettes à plein badin sans prendre le temps de tout détailler, de tout lire (cela reviendrait à engouffrer du foie gras mi-cuit comme si c’était du vulgaire pâté industriel).

Brouard-Nicole. Un tandem de vieux briscards qui, une fois encore réussit son coup, et ceci de main de maître. Disons-le tout net : « Missions Kimono » n’est pas destiné à des lecteurs pressés, amateurs de « Arghhh ! Baoum ! Tacatacatac… » On y trouve le charme qui fait qu’il faut prendre du temps pour lire chaque vignette. Non pas que les « bulles » envahissent le dessin, mais cette « bédé » n’est pas du cinéma muet accompagné de quelques onomatopées : c’est de la bande dessinée dotée d’un bel et solide équilibre entre les images (très « parlantes ») de Francis Nicole, les phylactères (« bulles ») et les cartouches (sur fond jaune) qui précisent le cadre de l’action.

On notera (mais c’est bien connu) que tout ce qui est narré dans ces albums, depuis le tout premier d’entre eux, est tout à fait vraisemblable (et même parfois prémonitoire), ce qui ajoute à l’intérêt de cette brillante collection qui est, rappelons-le, particulièrement documentée. Ainsi, même ce qui vous semblera improbable ou rocambolesque est strictement plausible (même la surprenante fin de l’histoire).

Ce qui est ennuyeux avec les Missions Kimono, c’est qu’il faudrait décerner un coup de cœur à chaque album, ce qui n’est pas envisageable. Octroyer cette distinction à l’ensemble de la collection ? C’est tout de même un peu tôt : Jean-Yves Brouard et Francis Nicole, sans être des gamins, ne sont pas encore des vieillards qu’on récompense « pour l’ensemble de leur œuvre ».

En tout cas, il est surprenant qu’en raison de leurs qualités, les Missions Kimono ne semblent pas, d’un point de vue commercial, faire jeu égal avec leur homologues (Buck Danny ou Tanguy & Laverdure). C’est vraisemblablement dû à la taille modeste de la maison d’édition JYB Aventures, qui ne dispose pas des moyens publicitaires de géants comme Dargaud, Dupuis, Delcourt, Paquet… Une raison de plus pour ne pas manquer un seul album de cette collection remarquable.

Philippe Ballarini

48 planches, 22,5 x 30 cm, reliure cartonnée

* Rallye : petit avion monomoteur de tourisme

Lectorat : tous publics

– Cycle 6, volume 1 Éternel retour
– Cycle 6, volume 2 Opération Pasni
– Cycle 6, volume 3 El Chino

– Les albums de la collection Missions Kimono

Avec l’aimable autorisation des © Éditions JYB Aventures

Avec l’aimable autorisation des © Éditions JYB Aventures

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