Voilà un livre qui plaira. Et franchement, ce ne sera pas volé, car il a bien des atouts. En publiant cette version française de Missions to the moon (Carlton Books Ltd., Londres), de Rod Pyle, les éditions Glénat ne s’y sont pas trompées. Un beau livre, certes, au sens où les images priment sur le texte, mais néanmoins un ouvrage qui ne laisse pas le lecteur au dépourvu face à une image dépourvue d’explications. Et l’on se dit que si le professeur Bernard Foing, directeur du Groupe International d’Exploration Lunaire, a accepté de préfacer l’ouvrage, c’est peut-être que le livre tient la route.
Et effectivement, Missions sur la Lune est une indéniable réussite. Son principal point fort ? Une iconographie d’une réelle originalité. Bien entendu, on retrouvera quelques-unes des innombrables photographies de la NASA (et encore, pas les plus courantes), mais on découvrira d’étonnants documents. Parmi ceux-ci, on trouvera par exemple le mémorandum d’assurance-vie spécialement rédigé pour Apollo 11, le dossier de presse d’Apollo 8, une notice visant à améliorer la procédure d’alunissage… Malheureusement, si les articles de la Pravda se voient traduits en français en fin d’ouvrage, ce n’est pas le cas pour les notices en anglais et c’est un peu dommage.
Les pages se déroulent selon un ordre chronologique, mais n’ont pas la vocation encyclopédique d’autres ouvrages. Celui-ci peut être considéré comme une accumulation ordonnée d’anecdotes – souvent inédites – qui nous mène de Konstantin Tsiolkovski et Jules Verne, puis l’incontournable Wernher von Braun, jusqu’aux actuelles missions lunaires chinoises, ceci étant bien entendu agrémenté de perspectives d’avenir quant à l’utilisation de notre satellite naturel comme base spatiale pour des voyages plus lointains.
Un étonnant timbre-poste soviétique de 1965 illustrant la première sortie extravéhiculaire de l’Histoire.
Secret défense ? Méconnaissance complète de la part du dessinateur ?
L’équipement ici représenté n’a absolument rien à voir avec la combinaison Berkut d’Alexeï Leonov.
Quant au vaisseau Voskhod 2 (resté grand ouvert !), il semble tiré d’une bande dessinée d’anticipation des années soixante.
Vignette extraite de la page 25
Des documents indubitablement originaux, comme ce très curieux timbre-poste soviétique représentant un Alexeï Leonov de bande dessinée flottant dans l’espace en 1965, une grossière maquette de LEM en bois tourné de chez Grumman Aircraft, ou encore l’énorme prototype de véhicule lunaire envisagé par Bendix. Du côté des anecdotes, si l’histoire des balles de golf tirée par Alan Shepard sur le sol lunaire est assez connue, d’autres le sont bien moins, comme ces protestations après la diffusion de la lecture d’un extrait de la Bible depuis l’espace par les membres de l’équipage d’Apollo 8, voire cette « affaire des timbres », un petit trafic imaginé par ceux d’Apollo 15.
Peut-être pensiez-vous tout savoir sur la conquête de la Lune. Ou disposer d’une documentation complète sur la question. Ce n’est peut-être pas tout à fait exact. Et cet étonnant volume vous le prouvera. Livre intéressant et réussi, doté de tous les attributs d’un « beau livre », il se lit de façon classique ou se picore. Signe des temps, il donne accès à des documents en « réalité augmentée » : vidéos, fichiers sonores, documents ou représentations à 360° de vaisseaux spatiaux. Peut-être pas tout à fait indispensable, mais franchement sympathique et clairement destiné à un public qui serait rebuté par des ouvrages très techniques.
Philippe Ballarini
NDLR : La traduction en français est globalement satisfaisante. Néanmoins, peut-être serait-il bon de rappeler qu’à propos du film Apollo 13 (page 119), il eût été plus pertinent de traduire tribute par « hommage » et non par « tribut ».
176 pages, 25,3 x 29 cm, relié
1,258 kg
Nous remercions les éditions Glénat qui nous ont autorisés à reproduire quelques-unes des photographies illustrant cet ouvrage. Les légendes sont celles de Missions sur la Lune.
Enfin le succès. À partir de la droite : le Dr Wernher von Braun, le Dr James Van Allen et le Dr William Pickering tiennent l’Explorer au-dessus de leur tête pour la presse en extase. Ils auraient trouvé le Spoutnik 1, avec ses 83 kg, un peu plus difficile à porter que les 13 kg de l’Explorer.
© NIX – NASA
La maquette originale de Grumman qui gagna la compétition de concepts et de construction. Ce grossier modèle en bois, avec des trombones judicieusement utilisés pour représenter le train d’atterrissage, était le mode de pensée habituel pour concevoir un atterrisseur lunaire en 1962.
Dans sa version finale, le module lunaire perdit un pied et gagna une écoutille de sortie frontale carrée, mais est sinon resté remarquablement similaire. En revanche, personne n’imaginait les difficultés de sa réalisation.
© NIX – NASA
Les futurs explorateurs lunaires posent autour d’une maquette de rover en 1971. De gauche à droite : John Young, Gene Cernan, Charlie Duke, Fred Haise et Anthony England. Haise et England ne fouleront jamais le sol lunaire mais voleront avec la Navette spatiale.
© NIX – NASA
Un autre concept pour les missions avancées. Ce laboratoire géologique mobile de General Motors permettrait d’effectuer des voyages de longue durée par plusieurs astronautes et une gamme d’activités très large.
© NIX – NASA
Cette feuille de route d’Apollo 16 fournit des informations sur le planning prévu des événements-clés de la mission ainsi qu’une carte des déplacements planifiés à la surface de la Lune. Alors que le programme des activités dérapait toujours un peu, Apollo 16 resta remarquablement dans les temps prévus.
©JSC History Collection, University of Houston Clear Lake