1967, en Alabama. Nick Beaulieu, fils d’un industriel décoré pendant la Seconde Guerre mondiale, se marie en grande pompe avant de rejoindre l’US Air Force, où il va piloter un North American F-100 Super Sabre au Vietnam. Son ami Josh Lacour, simple mécanicien, a de son côté maille à partir avec les forces de l’ordre et n’a pas d’autre choix que de se porter volontaire pour l’US Army, où il est versé dans le 1er régiment de cavalerie aéroportée.
Fidèle à son habitude, Michel Kœniguer mène un récit direct : l’entrée en matière est franche et rapide, la présentation des personnages évite les excès de pathos et l’action se développe dès les premières pages. Le rythme est parfaitement géré et la narration parallèle des aventures aériennes de Nick et des épreuves terrestres de Josh fonctionne parfaitement, mettant en lumière leurs points communs (l’envie de n’être pas de simples soldats) et leurs différences (l’assurance du « fils de » qui vient chercher la gloire face à la maladresse vaguement gênée de celui qui est parti là-bas sans savoir pourquoi). Et comme dans l’excellente trilogie Bombroad du même auteur, la complémentarité entre moyens aériens et moyens terrestres est à l’honneur dans des opérations militaires plutôt fouillées. On n’échappe pas à quelques clichés, le plus marquant étant peut-être la petite amie caractérielle de Lacour, mais dans l’ensemble le scénario est une réussite certaine qui sait parler des hommes sans se perdre dans le sentimentalisme.
Le graphisme reprend logiquement les qualités et défauts déjà notés dans Bombroad : le dessin est détaillé sans être chargé, le dynamisme est au rendez-vous aussi bien dans la mise en page que dans le trait, le rythme alterne les planches de dialogue et celles d’action, les émotions des personnages sont visibles sans excès… et quelques perspectives hasardeuses viennent tempérer nos compliments, en particulier un nez de Super Sabre extrêmement pointu en page 45.
Pour ce qui est des couleurs, Greg Lofé fournit un travail propre, classique, particulièrement efficace lorsqu’il s’agit des incendies — les reflets du napalm sur le ventre et l’intrados d’un Cessna O-2 sont une réussite indéniable. Cependant, la mise en couleurs n’atteint pas les mêmes sommets que dans Bombroad : le passage d’une séquence à l’autre n’est pas systématiquement marqué par un subtil changement de palette — on a ainsi l’impression que la double page 20-21 est une seule suite, alors que l’on passe de l’Air Force à l’Army. N’allons tout de même pas reprocher à Greg Lofé de n’être pas Wes Hartman, il ne démérite pas et nous aimerions que tous les albums profitent d’une mise en couleurs aussi agréable.
Nul doute en tout cas que Michel Kœniguer tient ici une nouvelle série extrêmement prometteuse : qu’il s’agisse de l’histoire ou du graphisme, Sur la terre comme au ciel est prenant et intéressant de bout en bout.
Franck Mée
48 pages, 23,5 x 31,5 cm, relié
Les albums de la collection Misty Mission
© Éditions Paquet. Reproduction interdite.
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