Mont-Agel

Sentinelle du ciel
Marc Miglior

Pour le commun des mortels, les radômes qui trônent au sommet de certaines montagnes comme la Dôle, le Mont Verdun… et le Mont-Agel au-dessus de Monaco pour ce qui nous concerne aujourd’hui, ont toujours eu un air bien mystérieux, à mi-chemin entre les alignements de monolithes que l’homme a pu réaliser dans les temps jadis, et une activité paranormale que l’on pourrait imaginer être en relation avec ces micro-ondes géants.

Pour ma part, ayant eu l’occasion au siècle dernier de consacrer, comme bon nombre « d’appelés du contingent », une année à être nourri et logé par la Nation en échange de menus services, il se trouve que ce fut dans un des centres de contrôle associés, la BA 942 pour les initiés, et que nous eûmes l’insigne honneur d’être détachés pendant quelques jours sur sa petite sœur la Base Aérienne 943, celle de Nice-Mont-Agel.

Vous comprendrez qu’à ce double titre d’estivant curieux et d’invité temporaire, j’ai jeté un œil particulièrement intéressé à l’ouvrage que Marc Miglior vient de consacrer à cette station de radars à l’occasion de la fermeture de la base aérienne associée.

C’est en tous cas ainsi que j’ai abordé le livre, en me disant qu’on allait plonger rapidement dans les entrailles devenues électroniques de la sentinelle azuréenne. En fait, non, et c’est ce qui fait une grande part du charme de cet ouvrage. Toute la première partie, environ 80 pages, nous raconte l’histoire de la montagne elle-même et de ses environs, nous parle de sa géographie, de sa géologie, et de tout un tas de choses très enrichissantes sur le plan culturel. Cela permet de comprendre la raison de l’implantation en ce lieu de fortifications qui existèrent bien avant leur utilisation pour le compte de la défense aérienne. Cela nous mène jusqu’à la fin de la seconde Guerre Mondiale. On sent que le colonel Marc Miglior, qui y dirigea le centre de contrôle de 2001 à 2004, n’a pas fait que passer sur cette base. Il semble vraiment aimer ce lieu, et sait en décrire la beauté.

Mais que le lecteur puriste de l’Aérobibliothèque se rassure ! Pour le faire patienter, les avions apparaissent un peu au détour de quelques pages, lorsque les ouvrages fortifiés sont attaqués pendant cette dernière période ou lors de l’évocation des combats qui se sont déroulés dans le ciel des Alpes Maritimes.

C’est au chapitre 3 que l’on entre dans le vif du sujet, si l’on peut parler ainsi d’ouvrages partiellement enterrés, avec la genèse du centre de contrôle aérien dans les années d’après-guerre et son histoire jusqu’à aujourd’hui, puis avec de nombreuses explications techniques qui raviront les amateurs d’électronique et de radars. On est bien entendu moins dans l’aspect descriptif de la beauté des lieux qui émanait du premier chapitre, et la rédaction se veut alors plus technique.

La fin du livre s’adresse davantage au grand public, avec l’explication des missions et des métiers de la défense aérienne en général et de la Base Aérienne 943 en particulier, puis quelques annexes (pages consacrées au Mirage 2000 et au Rafale, ou aux réalisations audio-visuelles réalisées en ce lieu, avec en particulier le film « Les Chevaliers du Ciel » assez récent, liste des commandants, etc.).

L’ouvrage est abondamment illustré, souvent par de belles images prises par l’auteur lui-même, mais aussi par des photos d’archives, parfois hélas bien petites.

Au bilan, c’est un livre d’une grande richesse, où chacun puisera beaucoup de renseignements, que ce soit dans son domaine de prédilection ou non, et dont on ressort avec une idée des radômes un peu démystifiée.

Jean-Noël Violette


160 pages, 29,7 x 23,3 cm, reliure cartonnée

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Marines Éditions

ISBN 978-2-35743-111-9

49 €