Échaudé par les échecs des numéros précédents consacrés aux unités de la RAF (N°91 Squadron, Elite N°3 et N°43 Squadron, Elite N°9), Osprey essaie de maintenir l’intérêt de cette collection suite au tarissement des thèmes ultra porteurs que sont les unités de la Luftwaffe et de l’USAAF. Pour que cette collection continue, Osprey n’a pas d’autres choix que de traiter aussi les unités de la RAF et celles du Commonwealth. Il y a déjà eu une tentative avec le N°617 Squadron (Elite N°34), livre paru il y a quelques mois, dont mon impression était plutôt mitigée. Se gardant bien de renouveler son erreur des premiers numéros, Osprey tente de séduire le lecteur en offrant un livre sur un Wing de chasse, le N°126, constitué d’escadrons de chasse de la RCAF. Il fait partie de ces Wing créés au sein de la fameuse 2 TAF en vue du Débarquement et l’un des rares à être resté en première ligne jusqu’à la Victoire.
Cependant, la démarche est un peu inhabituelle, surtout venant d’une maison d’édition britannique car le Wing n’a pas la même place dans l’organisation de la RAF que le Group dans l’USAAF, même si leurs tailles respectives sont équivalentes. L’organigramme d’un Group de l’USAAF est stable, alors que celui d’un Wing de la RAF, de même que la rotation des escadrons de chasse au sein d’un Wing est parfois importante, dépendant des besoins tactiques du moment ; sa composition est donc souvent volatile. De ce fait, aucune tradition n’est liée aux Wing, au contraire des Squadron ou même Group de la RAF qui ont le droit de créer leur propres armoiries. En résumé, dans l’esprit des Britanniques, le Wing n’a pas d’âme et n’a pas de palmarès à mettre en avant.
Ainsi, l’histoire commence à la création du N°126 Wing, qui comprend alors trois unités de chasse canadiennes : les escadrons 401, 411 et 412. Il sera renforcé par d’autres escadrons canadiens : le 442 entre juillet 1944 et mars 1945 et le 402 à partir de décembre 1944. De ce fait, on n’a en réalité qu’une tranche de vie de ces unités de chasse qui pour la plupart sont sur la brèche depuis plusieurs années. L’introduction pourtant prometteuse passe à côté de cela et on entre dans le vif du sujet sans présentation des pilotes ni petit historique sur ces unités, comme s’ils venaient de nulle part, alors que pour eux l’intégration dans ce Wing n’a été qu’anecdotique ; tout au long du livre on ne ressent à aucun moment un esprit de corps quelconque ni les liens qui unissent les unités entre elles, lesquelles continuent en fait leur vie de manière indépendante.
Si l’approche est un peu dérangeante, on est pour le reste dans du Osprey classique avec un texte bien vivant ponctué de témoignages et de rapports de combat (bien que ces derniers ne soient pas très nombreux), laissant la place plus volontiers aux extraits du journal de marche du N°126 Wing. On pouvait s’attendre à mieux, car ces escadrons canadiens se sont bien battus : pendant l’existence éphémère de ce Wing, ce ne sont pas moins de 333 avions ennemis qui ont été abattus pour la perte de 98 pilotes.
Si je devais octroyer une note entre 1 et 5, j’attribuerais un 3 sans grand enthousiasme, car le contenu est de qualité et bien travaillé, mais dans un contenant qui, par définition, s’avère bancal.
Philippe Listemann
128 pages, couverture souple
– En anglais/in English