On pouvait logiquement s’y attendre, le fascicule consacré au No. 131 Squadron de la Royal Air Force est disponible directement en téléchargement sur www.raf-in-combat.com. Il reste possible d’en acquérir un exemplaire papier auprès de l’auteur (même adresse) ou chez des revendeurs spécialisés. Cependant, si cette évolution vers la dématérialisation est une évidence, particulièrement dans un domaine avec des faibles volumes de tirage, j’ai quand même imprimé le document virtuel. C’est quand même plus pratique pour lire, surtout si on ne possède pas un ordinateur portable, une tablette ou un smartphone…
L’étude comporte 34 pages de texte en anglais plus 4 pages de profils couleurs. C’est un peu plus épais que les autres volumes de la série.
Ne changeant pas une formule à laquelle ses lecteurs sont bien habitués, et qui fonctionne bien, Philippe Listemann dresse en moins d’une page les quatre années d’existence de cette unité, à la fois un peu connue, mais pas tant que ça dans le détail. Le lecteur français moyen ayant quelques connaissances sur la RAF et les aviateurs des Forces Aériennes Françaises Libres se rappellera avoir déjà vu ce Squadron évoqué ici ou là. Ce serait même le seul reproche à faire, c’est de n’avoir pas développé un chapitre consacré à nos neufs compatriotes ayant servi en son sein. Henri de Bordas est probablement le plus connu d’entre eux, sans non plus être une « vedette » de premier plan, et la célébrité tout relative de Bernard Scheidhauer est due au fait qu’il est le seul aviateur français à avoir été repris par les Allemands ; il fut passé par les armes après avoir pris part à la « grande évasion ». Si l’auteur explique bien que le Spitfire de Scheidhauer a été récupéré et réutilisé par la Luftwaffe, il n’est nulle part précisé que l’atterrissage forcé se situe sur l’île anglo-normande de Jersey.
Ce que Philippe Listemann explique bien, c’est que l’unité est un peu particulière car elle a volé sur six versions différentes de Spitfire, dont le Mk VII, une version de haute altitude produite en petite quantité. Si sa carrière européenne est plus connue, il est tout à fait vrai qu’on oublie qu’à l’automne 1944 le Squadron a été transféré en Extrême-Orient, où il vola initialement sur Spitfire VIII, puis sur Thunderbolt II, alors que justement on a tendance à ignorer cette période et cette monture. Le palmarès n’a vraiment rien d’exceptionnel, tandis que les pertes se sont révélées plus élevées au cours de vol non opérationnels qu’au cours de missions de guerre.
On retrouve les annexes habituelles (bases, commandants et chefs d’escadrilles, décorations, sorties mensuelles, revendications de victoires, pertes opérationnelles et non opérationnelles de l’unité. C’est là que Philippe Listemann donne une mini biographie de l’aviateur concerné, lignes que j’ai beaucoup appréciées. Les autres annexes consistent en une liste des couples connus numéros de série / lettres individuelles, la liste des nombreux pilotes, triés par armée de l’air d’appartenance, y compris d’Afrique du Sud ou des États-Unis, et le tableau d’honneur.
L’iconographie noir & blanc est constituée de 8 pages montrant diverses versions de Spitfire, rien sur le Thunderbolt, ce qui n’est guère étonnant au vu du très faible nombre de sorties faites sur le gros chasseur américain, sur un théâtre d’opérations bien éloigné et de 10 pages montrant des pilotes du No. 118 Squadron. Et l’on se prend à regretter qu’aucun pilote français n’y figure. Le badge du County of Kent Squadron est reproduit en couleurs. Il est suivi de 14 profils couleurs de Spitfire, offrant un panorama de versions et de camouflages variés.
Cette production sur un Squadron ayant un petit parfum « frenchy » est bien dans la lignée des autres livrets de la collection RAF, Dominion & Allied Squadron at War, dont aucun n’a jamais montré de lacune en matière de précision et de concision. On peut souhaiter qu’une version française, légèrement augmentée par une partie justement consacrée aux aviateurs FAFL (et belges) trouverait certainement un lectorat francophone.
Jocelyn Leclercq
44 pages, 17 x 24,5 cm, couverture souple
– En anglais