Voici un livre hors-normes. Au-delà du généreux pavé de 446 pages qu’il constitue déjà par son aspect physique, ce n’est pas toujours que nous vous présentons un ouvrage écrit par un auteur défunt, qui plus est ancien agent secret et aventurier. Robert « Bob » Maloubier est décédé en 2015, mais il nous a laissé cet Orlywood qui paraît trois ans plus tard. Sur fond historique de la saga de l’aéroport d’Orly, depuis le champ d’aviation initial jusqu’à l’immense emprise aéroportuaire qui allait devenir la sienne, l’auteur, avec sa gouaille légendaire, nous entraîne dans un tourbillon d’anecdotes et de récits, nous présente une cavalcade de personnages pittoresques, des plus humbles jusqu’aux plus grands de ce monde, dans un maelström d’innovations et d’exploits aéronautiques mais aussi d’incidents, de vols, de trafics, d’affaires de mœurs, de détournements, d’accidents, d’attentats voire de catastrophes, avec souvent à la clef de sacrées histoires de barbouzes.
Bien sûr, telles les eaux sortant de leur lit pour envahir la cuvette de Port-aviation au début du XXe siècle, le récit maloubéen s’échappe souvent des seules limites de Paray-Vieille Poste ou d ‘Athis-Mons. La navigation est parfois louvoyante, et Orly sert quelquefois de seul fil rouge auquel viennent se rattacher les anecdotes. Mais le talent de conteur de l’auteur est tel que c’est avec un grand plaisir que nous le suivons sur ses chemins de traverse.
Il manque juste à ce livre (1,18 livres en fait, sur une balance) quelques illustrations : il n’y a en tout et pour tout que la seule photo ornant la couverture. En restant dans un domaine purement aéronautique, on peut relever de minimes et rares erreurs, Levassor/Levasseur, Thouret/Thoret, des « ailerons de profondeur », un classique Bréguet/Breguet ou une définition approximative de « CAVOK ». Des broutilles…
On retiendra surtout cette grande tendresse que « Bob » semble avoir éprouvé pour l’aéroport où il venait voir voler les avions avec son père, devenu lieu de certains de ses propres exploits d’agent secret. Il semble aussi avoir eu d’autant plus de plaisir à nous raconter cette saga, et nous ne bouderons pas le plaisir de cette lecture.
Jean-Noël Violette
304 pages, 14 x 22,5 cm, broché
0,590 kg
– Préface de François Kersaudy