L’auteur de ce guide, Alain Herbuel, pilote privé chevronné à Pérouges-Méximieux et grand amateur de balades aéronautiques au long cours, a constaté un jour que lors de la préparation de ses voyages il lui manquait toujours un papier, un document ou un accessoire. Après avoir scientifiquement approfondi les voies disponibles pour se procurer systématiquement les informations et le matériel incontournables, il a décidé d’en rédiger un guide à l’usage de ses pairs.
Acquérir ce livre, c’est donc pour le candidat au départ se constituer l’ossature d’une future préparation, mais ce peut-être pour le commun des autres pilotes le plaisir onirique de partir simplement pour de nouveaux rêves de voyages, ou de raviver ceux plus anciens qu’ils ont pu faire.
Nous sommes loin d’un ouvrage grand public ; le titre et le sous-titre sont tout à fait explicites en ce sens. L’auteur s’adresse très clairement aux pilotes privés désireux d’agrandir leur rayon d’action, ceux qui cherchent à réaliser de beaux voyages à bord d’un simple appareil d’aéroclub. Il essaie de démystifier ces vols pour la plupart intra-européens et nous montre que du rêve à la réalité il peut n’y avoir que des démarches assez simples, à défaut d’un pas.
Le texte se veut donc didactique, articulé autour de trois axes de préparation, à long, moyen et court terme, de rappels de réglementation puis de la réalisation du vol lui-même.
On révise donc quantité de notions, on apprend encore plus de choses. Le niveau de connaissance pré-requis est très variable, du simple bon sens pour nombre de « trucs et astuces » à des aptitudes aux raisonnements très théoriques pour lesquels une bonne culture mathématiques sera appréciée (pages sur le point équitemps, par exemple).
Contrairement aux textes assez bien faits dans l’ensemble, l’ouvrage pèche un peu en ce qui concerne les illustrations : pour étayer les démonstrations sont utilisées des reproductions de cartes aéronautiques à si petite échelle (et de surcroît en noir & blanc), que l’on ne peut pas voir les trajets qui y sont portés sans s’armer d’une loupe. Sans cela on en est réduit (c’est le cas de le dire) à deviner ce qu’on aurait dû voir, au prix parfois d’une regrettable frustration. La reproduction des extraits d’AIP, quant à elle, semble souffrir d’une mauvaise définition qui les rend légèrement flous et n’en facilite pas là-encore la lecture.
L’autre écueil, mais bien involontaire de la part de l’auteur, est d’avoir utilisé dans ses références le site Nav2000… qui a fermé ses portes quasi-simultanément à la sortie de ce livre. Au-delà d’un manque de chance très conjoncturel, c’est quand même symptomatique du risque de la parution papier d’un guide basé en grande partie sur des références Internet, par définition très mouvantes. Cela confère donc à ce travail une sorte de « date limite de consommation »… ou nécessitera l’édition de mises à jour ultérieures.
Pour le plaisir, notons une amusante coquille (non représentative du livre, plutôt soigné) page 53 – Généralités sur les points de report et les points de repère – alors qu’on y parle des repères du littoral : « Les grands golfs sont intéressant s’ils ne sont pas sans ambiguïté ».
Plus sérieusement, on peut regretter qu’au paragraphe 2222 « Trace dans le plan vertical », le cinquième point suggère de passer au-dessus ou au-dessous des cumulus afin de ne pas avoir à zigzaguer autour d’eux, sans que cela ne soit assorti d’une recommandation de sécurité précisant que dans l’option « au-dessous », il faut redoubler de vigilance puisqu’on peut y trouver des deltaplanes, planeurs et autres parapentes.
Sous réserve de ces quelques points, ce livret est tout à fait recommandable aux pilotes concernés, que ce soit parce qu’ils envisagent pour dans un futur assez proche une escapade aérienne dans l’un ou l’autre pays de notre continent ou de la proche Afrique du Nord, ou simplement pour le plaisir de rêver à ces horizons pas forcément lointains mais vite dépaysants.
Jean-Noël Violette
398 pages, 15 x 21 cm, broché