1945. James McKenzie est affecté sur De Havilland Mosquito sur une base écossaise. Ayant détruit deux appareils par inadvertance, le colonel Broome lui attribue le chat noir de l’escadrille, un Mosquito caractériel surnommé T comme Vacheté, et un navigateur indien hostile aux Britanniques. McKenzie peut ainsi commencer ses nouvelles missions : attaquer les convois allemands sur la mer du Nord, jusqu’en Norvège… et esquiver les piques du colonel, qui a aussi des vues sur sa femme.
À première vue, Garth Ennis nous offre un scénario très classique, avec un bon pilote pris dans une rivalité avec son officier supérieur et des scènes d’action échevelées, dans les airs comme au bar de l’escadrille. Mais l’auteur du célèbre The Boys, entre autres œuvres désabusées, utilise ce canevas traditionnel pour dérouler subtilement d’autres thèmes : la malchance et la chance, la violence et la façon dont elle peut s’exprimer, la fidélité et la confiance, la réinsertion des « gueules cassées », ainsi que l’URSS, la colonisation et le racisme. L’histoire est aride, brutale comme ses personnages, mais aussi parfois (et brièvement) étonnamment gracieuse.
Venir de l’Empire et avoir son franc-parler : deux bonnes manières de se faire remarquer – pas forcément de se faire apprécier…
Keith Burns fait partie des peintres officiels de la RAF, et il met en images des scénarios de Garth Ennis depuis une quinzaine d’années. Il maîtrise donc parfaitement l’exercice, tant côté aéronautique que côté humain. Les appareils sont justes et « vivants », qu’il s’agisse de la merveille en bois ou de ses adversaires, et les scènes d’action sont remarquablement dynamiques – jusqu’à parfois s’étaler sur des doubles planches côte à côte. Les personnages profitent d’un dessin typique des comics (avec larges aplats et hachures) pour souligner leurs contrastes et renforcer leurs expressions. Le résultat peut déstabiliser le lecteur habitué aux bandes dessinées européennes, mais l’amateur de l’école anglo-saxonne y trouvera son bonheur.
Paquet a d’ailleurs suivi la voie : avec ses 168 pages et son format plus petit que nos standards, cet album s’intégrera parfaitement au milieu des autres œuvres de Burns et Ennis. La finition reste d’excellente qualité, avec une couverture cartonnée flatteuse et un papier satiné au toucher agréable : Out of the Blue est indéniablement un comics, mais un comics haut de gamme.
Voici donc un album qui ravira les amateurs d’ambiances noires, de conflits, d’action, et de dessin contrasté et dynamique.
Franck Mée
168 pages, 18 x 27 cm, relié couverture cartonnée
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Paquet
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Paquet
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© Éditions Paquet