Coup de cœur 2021 |
Disons-le tout de suite, cet ouvrage est une réussite, et ce à plus d’un titre. L’auteur, Olivier Lapray, colonel de réserve de l’armée de l’Air et de l’Espace, ancien « mud et chef de muds* » puisqu’il fut navigateur officier système d’armes sur Mirage 2000D et patron du 2/3 « Champagne » puis de la Base aérienne 133 de Nancy-Ochey, remplit en tout premier lieu le devoir de mémoire envers les grands Anciens de son unité et plus largement, de la communauté des chasseurs-bombardiers qui ont forgé l’histoire de l’armée de l’Air, notamment durant la Seconde Guerre mondiale. Il a ainsi choisi de retracer un épisode relativement court (octobre 1944-mai 1945) mais très intense du Groupe « Champagne », durant lequel l’unité participe à la libération de l’Alsace et l’anéantissement des forces allemandes, sur leur propre territoire.
Quelque huit pages couvrent également les débuts du « Champagne » dans les rangs alliés, sur P-39 Airacobra. Côté sources, ce sont très majoritairement les documents opérationnels déposés au Service Historique de Vincennes qui servent de trame au récit, magnifiquement illustré par des photos souvent en grand format et inédites, issues de collections personnelles ou du 2/3, le tout encore agrémenté de profils de Jean-Marie Guillou et de peintures de Bernard Lengert. C’est aussi une réussite concernant la précision et l’exhaustivité des informations historiques délivrées : de nombreuses cartes, très précises, soutiennent le récit et les annexes recèlent les listes complètes (mécaniciens compris) du personnel du GC 1/5 au 1er janvier 1945, des Thunderbolt utilisés par le groupe et par ses escadrilles, et celle enfin des pilotes de l’unité entre septembre 1944 et mai 1945.
Quelques pages présentent deux entités méconnues de l’armée de l’Air de cette époque, le 1er Corps aérien français et le Groupement de chasse et de défense aérienne*. Des insignes, des documents d’époque complètent agréablement le tout et nombre de portraits photographiques permettent de mettre des visages sur ces combattants de l’air, au premier rang desquels le Commandant Marin la Meslée, disparu en opérations à la tête du groupe. Le tout est écrit dans une langue à la fois sobre et élégante. Enfin, soulignons la mise en page équilibrée entre texte et iconographie qui rend très agréable cet ouvrage à parcourir, la qualité du papier et de l’impression, ainsi que la reliure qui devrait durer dans le temps. Si on veut trouver la « petite bête » qui manque, on pourrait regretter l’absence d’un index patronymique, tant les acteurs cités dans cet ouvrage sont nombreux.
Quoiqu’il en soit, en le refermant on ne peut que rêver maintenant qu’un pilote ou un navigateur, autant passionné et passionnant, retrace le passé glorieux de son unité et nous rappelle ainsi le lien fort qui l’unit à ses prédécesseurs.
Bernard Palmieri
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Arès
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Arès
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