L’introduction servant d’avant-propos explique la motivation de l’auteur à consacrer un livre à l’icône Pierre Clostermann. Un lexique assez détaillé poursuit l’entame du livre, qui est ensuite classiquement chronologique : prélude, la présence au Groupe « Alsace » de janvier à septembre 1943, l’appartenance au Squadron 602 de septembre 1943 à juillet 1944, une période de repos qui voit la publication des prémices de ce qui deviendra « Le Grand Cirque » et enfin les vols sur Tempest, de février à août 1945. Les périodes opérationnelles sont elles mêmes articulées jour par jour, mois après mois. Le livre s’achève avec une conclusion, une bibliographie, une table des matières, et un index onomastique très fourni.
Voilà donc un sujet épineux. On se souviendra d’une action de justice intentée et gagnée par l’ancien pilote au sujet de son palmarès. Ce livre a été produit par un pur amateur, au sens noble du terme, en accord avec la famille, et s’il ouvre la porte à la polémique, ce ne sera pas avec elle, mais entre les « pro » et les « anti ».
Georges-Éric Coisne a donc passé au crible les éditions 1948 et 2008 du « Grand Cirque », qui diffèrent entre elles, étudié le carnet de vol du pilote, et surtout les Operations Record Book des différents Squadrons dont Pierre Clostermann a fait partie, et d’autres productions historiques et livres publiés. Et à l’issue de chaque journée au cours de laquelle l’aviateur a volé en mission, il relève les éventuelles différences ou incohérences, avec une écriture en italique qui permet de différencier l’analyse du récit détaillé, à la typographie normale.
Toute la force de cet ouvrage réside dans ces analyses. Il est vite apparent, même si c’était devenu un secret de polichinelle, que « Le Grand Cirque » n’est pas un livre historique, mais que certains faits qui y sont énoncés ont été soit enjolivés, soit modifiés par rapport à la vérité, qu’on peut parfois qualifier de licence artistique. Aucune malveillance dans les mots de l’auteur, qui utilise l’interview enregistrée qu’avait donnée Ian Blair, ancien pilote de Spitfire, à l’Imperial War Museum.
Tout au plus peut-on se dire que quelques sources supplémentaires auraient pu affiner encore plus cette analyse fort intéressante (rapports de combat aériens, journal quotidien de la 2nd Tactical Air Force, fiches de mouvement des avions, rapports d’accidents).
L’écriture est simple, directe, claire, et utilise habilement la terminologie anglaise qui devait être respectée, Pierre Clostermann ayant volé uniquement dans la Royal Air Force, même s’il était Français Libre. Quelques très rares fautes ne gâchent en rien le plaisir de cette lecture sur un sujet aussi glissant. La seule illustration du livre est la couverture, création rappelant une fameuse photo du célèbre Tempest codé JF-E.
Si vous vous intéressez aux combats aériens et aux aviateurs de la Seconde Guerre mondiale, et êtes prêt à admettre ce que résume fort bien Ian Blair : « la plupart de ce qui est écrit est vrai, néanmoins… Il a changé certains points, il s’est attribué certains faits quand il… Mais néanmoins, l’essentiel de la première édition est plutôt authentique parce que cela a été écrit au moment des faits. » alors précipitez-vous sur ce livre qui complétera utilement votre (vos) édition(s) du fameux « Grand Cirque« .
Jocelyn Leclercq
250 pages, 21 x 29,7 cm, broché
0,740 kg
Le blog de l’auteur-éditeur (avec possibilité de commande).