En un peu moins de quatre cents pages, Franck Hamy raconte son métier au service de sa passion : du moment où elle lui vient à douze ans jusqu’au dernier posé, une multitude d’histoires et quelques anecdotes nous permettent de vivre le métier de pilote, de la formation, la sélection et les expédients d’un début de carrière où il faut gagner sa place.
Un milieu constamment en évolution à la croisée des plus anciens souvent avec une mentalité guerrière (« il faut que cela passe ») à nos jours où la sécurité ne suffit plus, il faut gérer l’humain (un très gros porteur de cinq cents passagers ne se gère pas de la même façon qu’un jet d’affaire avec une poignée de richissimes).
Le récit fait la part belle à l’humain, que ce soit les populations visitées aux escales, aux équipages, aux personnels au sol soulignant en cela la richesse de la diversité humaine … mais aussi quelques incontournables quelque soit la zone géographique considérée.
Il est finalement assez peu fait mention d’Air France même (alors que de la part d’un délégué syndical l’approche eût été intéressante vu les décennies marquantes qu’a connu alors la Compagnie avec les mutations du transport aérien que ce soit réglementaire, technologique, financier, …). Certes à plusieurs reprises, l’auteur souligne combien le commandant de bord est en quelque sorte le chef d’une petite entreprise qui doit tenir compte des orientations de la « holding » tout en essayant de faire bouger les lignes lorsque la réalité échappe aux instances dirigeantes. Quelques incidents et procédés locaux sont ainsi dévoilés montrant combien l’optimisation ne laisse que peu de marges… ou, au contraire, appelle de combler des lacunes.
Les chapitres sont indépendants et peuvent être lus « au hasard » mais nous vous conseillons néanmoins de respecter la chronologie afin de justement percevoir ces différentes époques par lesquelles l’aviation civile s’est muée en ce domaine d’excellence en constante remise en cause.
On a peine à croire qu’en quarante-quatre ans de carrière si peu d’incidents aient marqué le parcours de Franck Hamy. Nous le soupçonnons (sans plus) de quelque légère complaisance, notamment quant à la conclusion où il souligne n’avoir « jamais cassé ou abîmé un avion » (p. 395) … alors qu’il reconnaît détenir un record qu’il ne souhaite voir battu par personne (non par forfanterie mais bien par souci de sécurité et de sérénité pour tout le monde … et nous l’approuvons !).
Nous laisserons donc au lecteur le plaisir de partager ces tours du monde qui n’ont rien à voir avec ceux du demi-siècle précédent mais qui restent une aventure humaine, la technique en filigrane (et bien expliquée aux novices par de nombreuses notes [*]) pour retrouver ce vol qui faillit se terminer en désastre. A mettre entre toutes les mains.
François Ribailly
[*] Si nous devons formuler un étonnement … en p. 398, les deux sens de « breaker » sont expliqués … en omettant leur différente prononciation !
410 pages, 15,5 x 24,1 cm, couverture souple
0,780 kg