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Pilote dans l’aviation civile

Vol à voile et carrière
Jean-Pierre Milan

Il y a presque deux ans, terminant la recension de Aviateur sans moteur, j’écrivais, histoire d’équilibrer la désagréable impression d’avoir « reçu » à lire un « livre » en pdf par le bon souvenir laissé par le contenu du livre lui-même : « Eh bien lui, malgré tout, je l’ai apprécié quand même. C’est une pure autobiographie, écrite avec beaucoup de modestie par un des grands noms du vol à voile de cette charnière des siècles. On y croise d’autres noms prestigieux, et on y retrouve ce que beaucoup ont du connaître. En ce sens il parle à chacun de nous. On regrette juste que ce « Livre 1 » se termine au moment de son entrée au Service de la Formation Aéronautique et on se prend à attendre impatiemment de pouvoir lire la suite. »

Et voilà ; la suite est arrivée et nous pouvons la lire. C’est toujours avec plaisir que l’on s’y plonge, mais ce second tome a cependant un goût un peu plus doux-amer. Il est à nouveau agréable de suivre son auteur dans les pérégrinations de sa vie professionnelle aéronautique, mais s’il dénonce une nouvelle fois les injustices du sort et nous raconte avec humilité ses propres maladresses, on sent en filigrane qu’il restera sur ses rêves inachevés.

Si le premier livre nous contait sa formation de pilote et ses premiers postes de salarié dans le milieu associatif, ce second tome est entièrement consacré à son existence de moniteur du Service de la Formation Aéronautique, de son premier poste en 1978 à son départ à la retraite en 2001. En parallèle, comme un second récit alternant avec le premier au rythme des années à partir du moment où il quitte le milieu des centre nationaux « planeur » pour leur pendant « avion », il nous parle aussi de son vol à voile, en loisir, en performance et en compétition.

C’est à nouveau une sacrée tranche d’histoire qui est ici vue par ses yeux : celle des centres nationaux de ses affectations, la Montagne Noire en 78-79, Saint-Auban de 79 à 81, Melun de 82 à 86, puis Montpellier jusqu’à la fin de sa carrière. Celle de ces autres centres nationaux, place de ses propres stages de qualification : Carcassonne et Saint-Yan. Celle enfin des clubs de vol à voile où il est venu retrouver une aviation plus conforme à ses aspirations parallèlement à son activité professionnelle: Moret/Fontainebleau, Le Pic-Saint-Loup ou Vinon.

Là encore, on retrouve plein de noms prestigieux, et l’auteur nous parle de leurs qualités humaines et techniques. Il y a aussi tous ceux qu’il ne cite pas nommément lorsqu’il évoque le revers de la médaille, les mesquineries du quotidien dans une structure parfois administrative à l’excès, le corporatisme de temps en temps, l’individualisme si souvent.

Une vie faite de beaucoup d’ordinaire, et parfois d’une bonne dose d’extraordinaire. Jean-Pierre Milan nous raconte quelques vols, surtout ceux qui l’ont marqué en avion (ses propres tests en vols, les pannes et incidents) et ceux qui ont été marquants en planeur (performance particulière, épreuves de compétition).

Le tout est écrit en un langage très simple. On aurait peut-être aimé un choix plus clair des temps de narration, mais Pilote dans l’aviation civile, c’est un peu comme si une connaissance parcourait pour nous des lettres qu’il aurait entassées dans une boîte à chaussures, évoquant en toute simplicité sa vie, ses aspirations et bien souvent ses faux espoirs.

C’est donc un témoignage très intéressant et si on en sort un peu frustré cette fois encore, ce n’est pas dans l’attente de la suite puisqu’il a mis un terme à sa carrière, mais simplement parce qu’on se demande de quel côté penche finalement le fléau de la balance de sa vie, avec sur un plateau les joies intenses du vol sous ses différentes formes et sur l’autre le fantôme des occasions perdues.

Jean-Noël Violette


192 pages, format 13, x 21,5 cm

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Éditions L’Harmattan

ISBN 978-2-296-12949-8

18 €