Alain Maubert a été pilote de chasse dans l’armée de l’air, breveté à Tours en 1987. À l’issue de sa transformation opérationnelle à Cazaux, il est affecté comme instructeur à Salon-de-Provence sur Fouga Magister puis, enfin, touche son premier avion de chasse, le Mirage F1C à Reims puis à Colmar. Il fait ensuite le choix d’intégrer les FAS et passe le reste de sa carrière à Luxeuil sur Mirage 2000N. En fin de contrat en 2004, il quitte l’armée pour intégrer Air France.
Pour raconter son histoire, Alain Maubert a confié la plume à son ami Jérôme Meyrand, journaliste spécialisé dans la machine-outil et passionné d’aviation. Alain Maubert était donc ORSA, officier de réserve en situation d’activité, ce qui signifie qu’il a pu passer le concours d’entrée dans l’armée de l’air avec seulement le bac, c’est d’ailleurs le mode de recrutement principal pour ce métier. Est-ce que ça valait la peine de l’indiquer aussi lourdement dans le titre du livre ? Vu le peu d’importance que ce point prend dans l’ensemble du récit, sans doute pas. Mais ce n’est pas là la seule faiblesse de l’ouvrage. L’auteur a pris le parti de raconter cette carrière par le biais de récits de vols représentatifs de ses missions de l’époque. En ce sens, sa démarche littéraire est proche de celle qu’a adoptée Marc Scheffler pour ses deux livres autobiographiques.
C’était un piège. L’émotion, la difficulté, les enjeux de ces vols ne ressortent pas vraiment de ces narrations au rythme ralenti par d’interminables descriptions. Bien sûr, certaines procédures sont racontées en détail, mais le ton n’y est pas, le rythme non plus.
Par ce choix éditorial, une grande partie du contexte professionnel est laissé de côté : les collègues, les drames, les frayeurs, les grands moments de folie qui font pourtant tout le sel d’une vie de pilote militaire. L’appartenance du pilote aux FAS et sa spécialisation en missions nucléaires, couverte par le secret-défense, empêche sûrement aussi d’adopter une plus grande précision dans la description des missions.
Peut-être aurait-il fallu élaguer une grande partie du livre et aller au-delà du cockpit pour le rendre plus palpitant. Pourtant, l’ouvrage, par sa grande précision ne manque pas d’informations intéressantes, mais au milieu de longs paragraphes descriptifs et parfois un peu répétitifs.
Mais si cette recension peut paraître sévère, elle n’est peut-être que le fruit de circonstances particulières. C’est juste que cette biographie paraît après que Marc Scheffler a clairement dynamité le genre et que l’ouvrage souffre nécessairement de cette comparaison. Reste qu’une biographie d’un pilote de chasse français contemporain demeure un sujet digne d’intérêt.
Frédéric Marsaly
360 pages, 15,3 x 24 cm, broché
cahier 12 pages photos couleur
0,594 kg