Claude Gaucherand a terminé sa carrière de marin au grade de vice-amiral. Pilote de chasse, il a été l’homme d’un avion en particulier, une bête racée, puissante, venue d’Amérique, qui a laissé autant de traces parmi ceux qui l’ont un jour vu voler que chez ceux qui ont tenu le manche entre leurs mains, le F-8 Crusader.
Comme tous les autres, Claude Gaucherand a été marqué par cette monture et par les missions qui lui ont été confiées. Alors que le « Crouze » a fait son dernier vol il y a plus de quinze ans, il revient sur cette période de sa vie en racontant certains vols marquants qu’il a effectués à bord de cette machine. Chaque aventure fait l’objet de deux à quatre pages. C’est rapide, succinct même, mais également dense et enlevé. On passe de l’une à l’autre sans problème, on peut même picorer.
L’auteur passe en revue l’essence de son métier, ses contraintes, ses joies, ses douleurs, les hommes qu’il a côtoyés et bien souvent appréciés. Il raconte aussi au passage comment il a été formé (un des vols racontés dans ce livre a été effectué sur Stampe et fut en effet inoubliable) et ce qu’il a fait après avoir été pilote de chasse, commandant du navire de soutien logistique « Loire » ou bien copilote occasionnel d’un Breguet Atlantique.
Le dernier tiers de l’ouvrage est consacré aux missions, plus récentes, menées avec un Maule, puis un Cessna 182 en Afrique pour le compte de l’ONG Aviation sans frontières. Ces passages sont-ils hors sujet ? On pourrait se poser la question si on se réfère au titre du livre. Pour autant, ces expériences pour « la bonne cause » sont directement la conséquence du goût de l’auteur pour le pilotage, la suite d’une carrière qui fut pourtant très dense. Claude Gaucherand profita d’ailleurs de ce séjour africain pour rédiger les histoires qui constituent cet ouvrage, des notes interrompant même parfois ces récits pour préciser les interruptions que son métier de pilote causèrent à son travail d’écrivain. C’est assez surprenant.
Pilote de Crusader fait partie indéniablement des sympathiques récits de pilotes, très plaisants à découvrir. Et même si les vols sur F-8 ne constituent pas l’intégralité de ce livre, l’ensemble ne manque pas d’intérêt, à commencer par un indéniable plaisir de lecture ; un point fondamental.
Frédéric Marsaly
204 pages, 15,3 x 24 cm, couverture souple
0,325kg
Préface de Ramon Josa