Réédition
Sous-officier, puis officier pilote de chasse dans l’Armée de l’air, pendant 15 ans, de 1953 à 1968, Michel Brisson met un point final à ses mémoires d’aviateur en février 2010. C’est un récit passionnant sur la période presque oubliée de la Guerre Froide et du « maintien de l’ordre » en Algérie.
Grâce à une bourse de vol, ce jeune ajusteur passionné d’aviation fait ses premiers décollages sur Stampe à Orléans, puis à Saint Yan, avant de partir au Canada en école de pilotage sur T-6 et T-33. Ce parcours en école de début puis en école de chasse, assorti d’un apprentissage forcé de l’anglais et d’une âpre et permanente sélection, suscite ses écrits pleins d’anecdotes. Il aborde avec force détails la progression en vol elle-même où s’enchaînent voltige, vrille, pilotage sans visibilité sous capote, rudiments de morse et de radionavigation, patrouille et vol de nuit, tir air-air et air-sol, mais aussi les mentalités de l’époque où l’apprentissage dans le stress, avec un moniteur irascible, pouvait mener à l’élimination, comme à l’obtention du brevet de pilote, pour ceux qui avaient tenu bon.
Alors qu’il était arrivé au Canada sur le paquebot Scythia de la Cunard, c’est le Liberté qui le ramènera en Europe, en 1955, pour une affectation à Lahr sur F-84G à la 9e escadre de chasse, au 1/9 Limousin, avant de rejoindre Metz Frescaty en 1956 sur F-84F, son véritable avion d’armes. Deux tours dans les escadrilles parrainées par les unités de métropole sur T-6 puis Fennec, en Algérie, quatre années au CEVSV (centre d’entraînement au vol sans visibilité) à Colmar sur T-33, puis une affectation finale à l’école de chasse de Tours, clôtureront cette magnifique carrière de près de 3 500 heures de vol.
En découvrant les péripéties de cette vie passionnante contée en toute vérité, on ressent la fierté du parcours réalisé par le petit métallo devenu pilote de chasse, plus tard avocat et maire de Montargis, et la force de la camaraderie entre aviateurs, tissée dans les joies et les peines, avec cette admiration pour les plus valeureux, parfois les plus gradés. On remarque aussi la combativité, la motivation et le sens du devoir, qui prennent toujours le pas sur la vie de famille et les projets personnels, lorsque mission de guerre en poche il faut défier ceux de l’Est ou survoler le djebel avec les risques de prendre une mauvaise rafale.
Ce livre s’adresse au grand public et l’éclaire sur la vie fascinante des pilotes de chasse, qui n’a guère changé depuis l’époque du commandant Michel Brisson, mais aussi à tous ceux qui ont suivi le même parcours et découvriront les similitudes et les différences d’une époque à l’autre, dans une grande histoire de famille racontée simplement.
J’ai eu la chance de rencontrer Michel Brisson qui a eu la gentillesse de me confier son livre en main propre. Il m’a raconté autant de sa carrière de pilote et de ses anciens camarades, souvent disparus, que de ses études en droit débutées alors qu’il était à Colmar, de sa famille, de ses responsabilités au cabinet d’avocats qu’il dynamisa avant d’en prendre la tête, de ses responsabilités de maire d’une commune de plus de 15 000 habitants, des choix qu’il avait dû faire tout au long de sa vie, en particulier pendant la période agitée de la guerre d’Algérie. Il m’a parlé de ses projets avec une énergie intacte et sa passion de la vie.
Merci, mon Commandant pour ce bel ouvrage que j’ai lu d’une traite, comme le feront tous ceux qui auront la chance de l’avoir entre les mains, et je suis sûr que vos petits-enfants, auxquels vous le dédiez, sont très fiers de vous.
Colonel Richard Feeser
312 pages, 15,8 x 24 cm, couverture souple
40 photos N & B, 2 cartes, 2 schémas, insignes d’unités