Pendant la Guerre froide, les innombrables chars soviétiques massés aux frontières de l’Europe furent le principal cauchemar des états-majors de l’OTAN. L’US Air Force se dota donc d’une arme anti-char, le A-10 Thunderbolt II, conçu autour d’un formidable canon de 30 mm. Relativement lent, le A-10 est très manœuvrant. Ses formes étranges sont le fruit d’une conception unique où tout a été sacrifié à la survie sur le champ de bataille. Moteurs surélevés et dont la trace infrarouge est partiellement masquée par la gouverne de profondeur, double dérive, train d’atterrissage qui peut être descendu par simple effet de la gravité et verrouillé par le vent relatif, sans oublier un important blindage, essentiellement autour du pilote. Tout l’avion fut conçu dans l’objectif de permettre à ses pilotes d’aller frapper les chars soviétiques.
Lorsque la Guerre froide s’acheva, de nombreuses voix s’élevèrent pour déclarer que le A-10 était désormais inutile et qu’il convenait de le retirer du service et de le remplacer par des F-16 supplémentaires. Mais en août 1990, le Koweït fut envahi par l’Irak et une importante coalition se mit en place en Arabie Saoudite pour repousser les troupes de Saddam Hussein. Au cœur de cette coalition, plusieurs unités de A-10. Au déclenchement des hostilités, les Thunderbolt et leurs pilotes durent avoir à cœur de démontrer ce qu’ils savaient faire. À coups de missiles Maverick, de canon, de bombes, ils frappèrent les troupes irakiennes, leurs positions, leurs véhicules, firent la chasse aux lanceurs de missiles Scud, appuyèrent l’avancée des troupes amies lors du lancement de l’offensive terrestre. Les A-10 étaient partout ! Ils se permirent d’obtenir deux victoires aériennes contre des hélicoptères irakiens, histoire de marquer encore plus leur polyvalence et leur efficacité.
Quelques mois après le retour des avions du Golfe, William L. Smallwood, lui-même ancien pilote de chasse, vétéran de la guerre de Corée, est allé à la rencontre des acteurs de ce conflit court mais intense, et a recueilli leurs témoignages. Sans aucun tabou, les pilotes lui ont conté leurs peurs, leurs tâtonnements, leurs doutes, leurs hantises, mais aussi leur quotidien, leurs missions et leur fierté d’avoir accompli une mission importante. Tout au long du livre, l’auteur laisse ainsi parler les pilotes « à micro ouvert », et rarement la guerre aérienne aura montré de façon aussi juste son vrai visage, avec ce point de vue à hauteur d’homme.
Aujourd’hui plus que jamais, le A-10 est une arme décisive pour l’USAF. Le baptême du feu qui lui a été donné en 1991 a posé les bases d’une tactique toujours d’actualité dans cette même région du globe. Plus de quinze ans après les faits, la guerre du Golfe reste un tournant important, un conflit dont les conséquences sont encore très sensibles aujourd’hui. Le récit des pilotes du redoutablement laid A-10 Thunderbolt nous offre quelques anecdotes intéressantes pour éclairer d’un jour inédit cette histoire.
Frédéric Marsaly
320 pages, format 15,5 x 24 cm, broché
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