Voilà un livre de nature à provoquer instantanément une moue dubitative sur le visage de connaisseurs émérites. C’est pourtant une publication sans grande prétention qui néanmoins trouverait volontiers sa place comme « ouvrage d’initiation » auprès de bien des novices ou d’amateurs pas encore complètement initiés aux arcanes de l’histoire de l’aviation de combat. Sur environ 120 pages, 16 histoires « presque vraies » narrant autant d’épisodes où l’on retrouvera des « incontournables » : Pappy Boyington, Saburo Sakaï, Lydia Litvyak, les Tuskegee Airmen… « Presque vraies » car pour rendre son livre plus digeste que les sévères comptes-rendus d’opérations, l’auteur a, de son propre aveu, parsemé ses textes de quelques détails imaginaires (quoique plausibles). Là, normalement, le lecteur expérimenté dit « Aïe ! Ça promet ! » Et puis il se rend compte qu’en fin d’ouvrage, Noël Carle a ajouté quelques pages où, pour chacune des histoires, il trie le vrai et l’imaginaire. Belle astuce qui, de textes de construction romanesque, fait des récits historiques. Le choix des histoires est judicieux et l’on félicitera l’auteur d’avoir eu la bonne idée d’inclure dans ce volume la belle et noble figure de Maurice de Seynes*. Les textes sont très faciles à lire, dans une écriture qui se veut souvent « populaire », ce qui rend le livre (aux rares maladresses*) singulièrement abordable.
Tout cela se dévore davantage que cela ne se lit. La nouvelle est un genre littéraire hélas peu couru en France ; quant aux nouvelles aéronautiques, elles sont une rareté. Des textes intenses, brefs et marquants, ici d’une moyenne de 7 à 8 pages chacun. Cela permet de lire plusieurs histoires complètes, au lieu de la lecture fragmentée d’un long roman que l’on doit interrompre avant de pouvoir le reprendre.
Voilà donc un livre qui certes n’est pas la merveille des merveilles, mais qu’un « moustachu » aura la bonne idée de procurer à un(e) néophyte. Par ailleurs, nous souhaitons que ce volume rencontrera le succès et qu’ainsi l’auteur nous proposera des tomes 2, 3…
Philippe Ballarini
* Maurice de Seynes, pilote du Normandie-Niemen, refusa de s’éjecter de son appareil en perdition pour ne pas abandonner son mécanicien Vladimir Bielozoub qu’il transportait dans son Yak-3
* rares maladresses : Brest-Livstock, Von Paulus…
144 pages, 15,3 x 24 cm, broché
0,234 kg