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Piper-Piper ici Adrénaline

Jean-Marie Clénet

Durant les « évènements d’Algérie », les forces armées françaises eurent recours à de très nombreux aéronefs. On a beaucoup parlé des avions d’arme et des hélicoptères, mais du fait du relief tourmenté et de la nature du combat de guérilla, bien peu aurait pu être fait sans ceux que l’on n’évoque pratiquement pas : les avions d’observation. Si les premiers étaient menés par des militaires engagés, les seconds étaient souvent pilotés par des appelés. Jean-Marie Clénet était un de ces pilotes, acteur devenu témoin et qui nous fait partager ce vécu.

Écrivant parfois « comme l’on parle », l’auteur débute son propos par le point de départ de ce qui allait être son obsession et meubler dix années de sa vie : la vision d’un avion se posant non loin du lieu où il se promenait ; la rencontre avec son pilote qui sur le champ l’emmène faire un tour sur une simple demande polie. La passion l’a pris !
Après bien de la persévérance, ayant surmonté le désaveu initial de son milieu familial, vint le temps des obligations militaires et la chance de pouvoir y poursuivre le pilotage. Ce qui le mena deux années dans l’Ouarsenis où il tint le manche pendant plus de 900 heures. C’est là le cœur du livre, qui repose sur une succession de courts chapitres évoquant quelques journées marquantes, au rythme saccadé d’un conflit qui réserve – forcément – quelques surprises. On y perçoit les principaux types de missions, la spécificité du vol d’observation, quelques rapports avec les citadins et bien sûr ce qui le marqua le plus, les vols qui ont mal tourné. L’auteur a tenu à être accessible au plus grand nombre en évitant les termes techniques et en expliquant les rares qu’il emploie (*) ; il y parvient également en présentant de petites fiches illustrées et succinctes des avions sur lesquels il a volé.

Faisant écho à un autre livre publié lui aussi en autoédition par son ami Pierre Bernier, la vision développée ici est autant enthousiaste quant au pilotage… ou plus amère sur le sort de cette Terre ou la suppression du service national. Une partie annexe présente des documents familiaux, personnels et quelques tableaux globaux ainsi qu’une rapide réflexion sur la guerre en Algérie, éléments assurément chers aux yeux de l’auteur, mais plus ou moins éloignés du thème majeur de cet ouvrage. Cette trentaine de dernières pages rompt l’unité de l’ouvrage et pourra être omise par ceux adeptes d’un récit homogène, et qui souhaitent rester sur l’anecdote amusante d’un mariage tenant symboliquement lieu « d’enterrement de vie de pilote militaire ».

Pour autant, cette dernière partie n’est pas sans intérêt pour comprendre un peu plus cet homme marqué aussi durablement par ces deux années en Algérie que par le pilotage. Imprimé sur un agréable papier et de présentation très aérée, cet ouvrage apportera un premier aperçu sur un sujet délaissé par les auteurs plus aguerris.

(*) exception faite de « HLL » qui signifie « Hors-la-loi » ; autrement dit, les combattants du FLN (pour nos plus jeunes lecteurs qui seraient peu familiers du sujet mais qui voudraient le découvrir).

François Ribailly


212 pages, 15 x 21,8 cm, couverture souple
61 photos (la moitié en N&B, l’autre en couleurs) et deux cartes

En bref

Jean-Marie Clénet autoéditeur

20 €