Vous le savez, à l’Aérobibliothèque, nous avons une tendresse particulière pour les pompiers volants, qu’il s’agisse des bombardiers d’eau, des secours en montagne, des évacuations sanitaires ou autres.
Aussi, lorsqu’un éditeur se propose de publier une bande dessinée collective (trois scénaristes, quatre dessinateurs) sur le travail de la Sécurité civile, nous applaudissons l’idée.
La première histoire, et la plus complète, suit l’intervention des bombardiers d’eau sur un incendie de montagne dans le Var. Les Tracker, Bombardier 415 et Dash-8 interviennent, de même qu’un EC145 et un Beech 200, pour aider les pompiers au sol à maîtriser les flammes. Le scénario fait la part belle aux différents moyens déployés et insiste sur l’interconnexion avec les équipes au sol et le centre de commandement, ce qui est toujours bon à prendre.
Suivent deux histoires de « dragons », les EC145 intervenant pour évacuer une victime d’un accident de la circulation de le brouillard de l’Ain et pour secourir une cordée bloquée dans une falaise de l’Hérault, et des brèves présentations des moyens de reportage et de communication des sapeurs-pompiers du Gard, de l’Amicale des pompiers du ciel et des brigades d’intervention des aérodromes.
L’intention est indéniablement bonne et si le dessin est convenu, il ne souffre pas de défaut majeur. En revanche, le récit est émaillé de quelques invraisemblances (par exemple, des Tracker du GAAR prévenus en même temps que les pompiers arrivent sur place après les Unimog), d’incohérences plus ou moins gênantes (si toute une cordée est en train de remonter sur corde avec des nœuds de Prusik, pourquoi aucun ne rejoint le premier de cordée après sa chute ? Et pourquoi la corde est-elle sur un piton et non sur un relais ?)… et de détails que les pinailleurs trouveront aisément (immatriculations fantaisistes, Bombardier CL 415 à hélices tripales)…
Plus grave, l’œuvre est entachée de deux monstruosités techniques : les Bombardier CL 415 qui se posent pour écoper avec les portes à eau* ouvertes (voir planche ci-dessous), et le sauveteur qui attache un blessé à un piton d’escalade plutôt qu’au treuil pour le remonter… Nul besoin ici de chercher le détail qui cloche, un peu de logique suffit à comprendre que les avions vont s’arracher le ventre en touchant l’eau et que l’hélicoptère va se retrouver attaché à la paroi !
De telles erreurs, grosses et petites, peuvent passer dans un récit d’aventures. Mais Pompiers du ciel se veut pédagogique et a été réalisé avec l’aide de conseillers techniques, prétendant ainsi à une valeur documentaire : si la perfection n’est pas de ce monde, s’assurer de la cohérence des immatriculations d’une page à l’autre ou de réalités techniques aussi basiques que le fonctionnement des écopes d’un bombardier d’eau faisait partie du minimum syndical. Le plus étonnant est sans doute de voir le logo de l’Amicale des pompiers du ciel sur la couverture d’un ouvrage techniquement aussi approximatif et, si l’idée est sans doute généreuse, la réalisation pâtit de trop d’amateurisme pour qu’on puisse approuver le résultat.
Franck Mée
(46 pages, format 24 x 32 cm)
* postes à eau ou water doors.
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Idées +
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