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Pour le plaisir… et pour le reste

Herbert Léonard

Oserais-je vous raconter ma découverte du Herbert Léonard aérophile ?

Adolescent au cours des années soixante-dix, j’avais la chance, pour étancher ma soif aéronautique naissante, d’avoir un oncle qui bossait pour un dépôt de presse et qui, de temps en temps, avait la gentillesse de me ramener quelque revue invendue, comme par exemple Aviation Magazine. C’était irrégulier, c’était toujours un peu décalé dans le temps par rapport à l’actualité, mais qu’est-ce que c’était bien !
Qui dit adolescent à cette époque dit aussi « téléphage ». Aussi, quand, en 1980 un chanteur alors pour moi inconnu tint pendant presque une année le devant de la scène avec sa chanson « Pour le plaisir », il m’a semblé que son nom, Herbert Léonard, ne m’était pas totalement étranger. On parlait de plus en plus de lui et il enchaîna quelques tubes plutôt destinés, semble-t-il, à un public féminin.
Quelques années plus tard, pouvant enfin accéder à quelques « vrais » abonnements, je pus y découvrir l’annonce de parution de livres consacrés aux avions russes, signés du même nom.
Là, cela devenait amusant. Il fallait le faire, quand même, un chanteur et un auteur de livres sur l’aviation qui portaient les mêmes nom et prénom, dans un assemblage aux sonorités tout de même peu ordinaires !
Ce n’est que bien plus tard, en regardant une émission consacrée au chanteur, que j’ai réalisé qu’il ne s’agissait que d’une seule et même personne !
Je dois avouer que sa cote a subitement fait un bond sur mon applaudimètre intérieur, le personnage devenant tout d’un coup doublement attachant.

Trente ans plus tard, une occasion de mieux le connaître se présente avec la sortie de son autobiographie Pour le plaisir… et pour le reste.
Alors, faisons connaissance ensemble, sans trop vous en dévoiler pour que vous ayez à votre tour le plaisir de lire cet ouvrage.
La carrière musicale de Herbert Léonard remonte en fait au milieu des années soixante, et non pas aux années quatre-vingts comme je le croyais ingénument. Mais la première partie de cette carrière a connu des hauts (un peu) et des bas (pas mal) jusqu’à une période de vaches vraiment maigres qui l’a fait se tourner pendant quelques années vers le métier de chroniqueur aéronautique, puis d’auteur de livres centrés sur l’aviation russe et soviétique. Cette époque se termina avec le retour en fanfare (ou en orchestre en l’occurrence) vers la gloire pendant une période très médiatisée, bien que l’homme n’ait jamais été très extraverti.

Sa parenthèse « journalisme aéronautique » à Aviation Magazine, qui vaut à cette autobiographie de vous être présentée aujourd’hui dans l’Aérobibliothèque, est l’objet d’un chapitre particulier, astucieusement intitulé « Retour sur Terre avec l’aviation ». On y découvre que c’est une pure conjonction entre une de ses passions, l’aviation, et un des coups de chance que nous offre la vie qui l’a conduit à cette solution alimentaire mais très justement méritée. On y croise bien entendu Francis Bergèse et Bernard Bombeau. Herbert Léonard, avec une grande modestie qui ressort de tout l’ouvrage, nous explique comment il est venu à travailler pour ce magazine, puis à se spécialiser dans les appareils russes.

Le reste de l’ouvrage concernera moins notre fibre aéronautique, mais reste passionnant à lire pour le « grand public » que nous sommes. Sans jamais se départir de cette modestie que nous avons évoquée, et qui ne sonne jamais faux, l’auteur nous entraîne dans les coulisses du show-business des années soixante à 2000. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce milieu ne fait pas rêver. Sans succomber toutefois aux sirènes des grands déballages que l’on trouve si souvent dans les livres publiés par l’une ou l’autre vedette, Herbert Léonard réussit à nous montrer les faux-semblants de ce monde de paillettes, à évoquer sans s’y appesantir l’ingratitude de faux amis, à nous raconter avec lucidité et sans jouer les Caliméro les raisons de ses échecs, à partager enfin avec générosité celles de ses succès.

C’est donc une très bonne idée qu’a eue Herbert Léonard de nous conter son histoire. On apprend à mieux le connaître, à respecter ses choix souvent discrets de vie et de carrière.
Et l’avantage, quand l’auteur est déjà connu ne serait-ce que notre milieu aéronautique pour des ouvrages ayant été bien accueillis, on peut être certain que les lignes de cette autobiographie ont bien été écrites de sa main, ce qui peut paraître presque extraordinaire de nos jours.

Si en bons aérophiles vous ouvrez cet ouvrage « pour le reste », vous ne regretterez pas de l’avoir lu aussi  » pour le plaisir »

Jean-Noël Violette


240 pages, 15,5 x 24 cm, broché

En bref
Florent Massot ISBN 978-2-916-54670-4 19 €