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Putain d’avion

C’était mieux les petits vols de nuit
Gustave Olivier Tison

Malgré son titre et sa couverture, ce livre est finalement assez peu aéronautique. Certes, c’est un évènement aéronautique, et un deuil collectif, qui en est à la source ; et l’auteur, pilote privé d’avion, parle un peu de sa passion dans ses pages… Mais ce qu’il veut nous faire partager est tout autre chose. Ce livre raconte en fait un plongeon interminable dans la douleur que l’on dit la plus vive : celle d’un parent qui a perdu son enfant dans un accident d’une brutalité extrême.

Le fils de Gustave-Olivier Tison s’appelait Gildas ; il était pilote de chasse dans l’Armée de l’Air. Il est mort avec 8 de ses camarades le 26 janvier 2015, sur la base aérienne espagnole d’Albacete. Ce jour-là, l’écrasement d’un F-16 grec a tué 11 personnes, et fait de nombreux blessés. Le livre ne décrit pas l’accident par le détail. D’ailleurs les faits ont été largement relatés par la presse. Ce qu’il nous dit, c’est le malheur. Profond, durable. Un amoncèlement de questions, de colère, de schémas de pensée irrationnels…

La démarche est évidemment très personnelle, mais finalement simple : laisser une trace de cette chose pour plus tard, pour ceux qui viendront… Probablement aussi, comme l’auteur le suggère, pour qu’il puisse continuer à vivre sans son enfant. Faire le long chemin du deuil…

Dès les premières pages, et tout au long du livre, Gustave-Olivier Tison a choisi de faire s’entrechoquer les souvenirs du temps du bonheur, et les manifestations d’une souffrance insondable, qui se succèdent sans cesse, souvent sans ordre particulier. Au-delà du principe narratif lui-même, on est saisi par cette alternance presque choquante, comme par quelque chose qu’on n’arrive pas à accepter de ressentir… Cela dit, comme il s’agit malgré tout d’un ouvrage de librairie, on pourrait regretter cette répétition lancinante, parfois pénible. Il est dommage que l’auteur n’ait pas été mieux épaulé par son éditeur dans la construction de son ouvrage. Mais avec ce livre on est moins dans la narration que dans le partage affectif ; il faut accepter d’être touché…

On lira Putain d’avion pour le partage, pour les émotions qu’il suscite. Moins pour ses aspects aéronautiques, tant il est vrai que cette terrible histoire aurait pu arriver dans un tout autre cadre. On le lira parce que c’est une histoire humaine.

Philippe Boulay


248 pages, 14 x 22,5 cm, broché

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En bref

Les Éditions du Panthéon

ISBN 978-2-7547-4130-9

19,90 €