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Quelques histoires d’avions

Knell

Qui, en dehors d’un aviateur, peut raconter avec autant de passion un métier qui a fait et fait toujours rêver les enfants ? Rayon aviation, biographies, romans, histoires, ces Quelques histoires d’avions sont inclassables tant le pilote qui les relate mêle avec brio sa joie, l’ivresse du vol, sa quête absolue du soleil, ses peurs, son fatalisme également lorsque la mort emporte l’un de ses camarades, en prenant soin de ne jamais tomber dans le pathétique. La plume est alerte, vivante, fluide, moderne, pleine d’humour ; le texte est bourré de raccourcis aéronautiques que les pros comprendront facilement et que les non-initiés déchiffreront rapidement. Que dire d’autre de ce recueil qu’il est tout simplement un petit bijou de littérature et que l’on a envie, tout à coup, d’enfiler sa combinaison de vol et son casque et de se glisser en place arrière pour vivre avec la même intensité les missions qui lui sont confiées. On se régale à savourer des morceaux de vie, en vol, en escadron ou en détachements où la guerre est omniprésente.
Pour juger de la qualité de cet ouvrage, voici quelques morceaux choisis :

Vol de nuit

« Vient alors l’instant magique, où, quittant la nuit et les nuages, on sort en plein soleil, dans un dégradé somptueux du rouge au noir, du soleil qui meurt aux étoiles qui naissent. Tout ça d’un seul coup d’un seul, en un instant, une seconde. Et l’on se retrouve suspendu dans ce ciel qui hésite entre le jour et la nuit, volant encore un peu la lumière du soleil, là où d’autres n’ont plus que la nuit pour horizon. Instants fugaces, trop vite partis, sous la voix rageuse d’un contrôleur qui ne peut pas comprendre qu’on préfère encore un peu de lumière, à la tenue contraignante d’un niveau de vol. Alors, comme on a eu son moment de bonheur, on bredouille une excuse, explique qu’on a un problème, s’invente un prétexte. Au fond de soi brille la lumière, on peut bien se faire engueuler un peu, il faut bien payer un prix pour ce vol. »
Ravito
« Si aujourd’hui, il est une mission vraiment sympa, c’est bien le ravito. Rejoindre une station service en vol, faire le plein et partir sans payer sans avoir de problème, c’est quand même très sympa. Faut donc que je vous raconte ça !».

Nuages

« Quand on a eu la chance de faire un métier comme le mien, on sait que le ciel n’est pas toujours bleu et que les nuages font partie de notre quotidien. Bien sûr, il y a toujours la solution de monter, monter, encore monter pour aller chercher le ciel bleu, toujours plus bleu. Mais c’est aussi passer à côté de l’infinie diversité des nuages que l’on voit tous les jours. Et chaque nuage, chaque jour, apporte un nouvel espace de jeu, de nouvelles sensations.
D’aussi loin que je me souvienne, jamais les nuages ne m’ont empêché de voler. Non pas que je n’aie jamais croisé du mauvais temps mais c’était plutôt le brouillard ou le vent qui me clouaient au sol. Même les pires matins d’hiver, il y avait toujours la place pour se glisser dans le coton et aller voir un coin de ciel bleu. »

Trop facile

« C’était à Tours où j’étais monit’ et nous devions faire voler des brillants gradés qui venaient de tous les horizons, de toutes les armées et qui, passant par le Collège Interarmées de Défense, venaient faire un vol dans un avion de l’armée de l’air. Tours fournissait le gros des places pour ces gens-là. Ce jour-là, j’avais hérité d’un colonel de la Légion, qui ne se cachait pas de nous regarder avec un air condescendant. Nous avions tous les cheveux trop longs pour lui, nos « carrures » lui semblaient fluettes et piloter un avion, c’est un métier de gonzesse, puisque ça se fait avec des gants …. ».

Corinne Micelli

En bref

Knell autoéditeur

5 € / 20 €