Le « Normandie-Niémen » est une des unités aériennes les plus médiatisées, depuis son retour en France en 1945, y compris ces dernières années entre réédition de mémoires (De Pange, Sauvage), bande dessinées (Biggles) et ouvrages historiques. Celui d’Alexandre Paringaux fait évidemment la part belle aux images, anciennes et actuelles (dont il est souvent l’auteur), dans une mise en page dynamique mais équilibrée. Côté texte, on distingue nettement trois parties, dont les deux premières, purement historiques, ont été habilement confiées à Yves Donjon et Alain Crosnier. La partie « moderne », dont Frédéric Lert a eu la charge, est également traitée avec sérieux et méthode. On saluera d’ailleurs l’initiative de l’auteur qui a su s’entourer de collaborateurs bien au fait de leur sujet. Le tout forme une chronologie rapide agréable à feuilleter, dans laquelle on peut aisément retrouver un évènement particulier, explorer une année, retrouver un individu. Malgré son format réduit (moins de 100 pages), rien n’a été omis, tant dans le domaine des événements, de la formation du GC 3 à l’opération « Chammal », que du matériel mis en œuvre, du Yak 1 au Rafale. Autre point positif, l’humain n’a pas été oublié et, tant dans les textes que les illustrations, tout le personnel qui concourt en 2018 à la mission, du marqueur au pilote, de l’armurier au « drille »*, est cité.
Toutefois, ce livre attrayant fait état d’un bilan historique qui ne mentionne aucunement les six citations 39-45 ni les deux autres pour l’Indochine qu’a reçu collectivement le « Normandie-Niemen », permettant le port des fourragères sur tenues et drapeau ; c’est d’autant plus dommage que le « NN » fait partie des unités les plus décorées de l’armée de l’Air ! Quid du fait que le « NN » soit aussi une des rares formations militaires françaises qui soit « Compagnon de la Libération », à avoir la garde d’un drapeau (pas de photo…) et non d’un fanion ? Côté traditions et symbolique, on regrettera également une approximation : page 90, deux photos, une des années 40 et une autre des années 2000, sont sensées montrer le même « drapeau » à 75 ans d’intervalle, si ce n’est que ce n’est pas le même emblème (et qui n’est pas un « drapeau » mais un fanion)… en haut, le fanion du Groupe « Normandie » (sans éclair blanc sous les léopards normands), en bas, celui du Régiment « Normandie-Niemen » (l’éclair de la 303e Division a fait son apparition dans l’insigne). On pourrait aussi gloser sur l’utilisation permanente du terme « régiment de chasse » (du fait même de l’unité !) dans l’ouvrage, alors que le « NN » n’en est plus un officiellement depuis 1946 (année où il devient GC III/5) et qu’il est officiellement « escadron de chasse » (voir à ce sujet le titre un peu ambigu …). Malgré ces petites négligences, l’ouvrage ne manque pas d’intérêt, même s’il s’adresse plus à de jeunes fanas ou à un large public par son prix et sa forme, qu’à des passionnés avertis.
Bernard Palmieri
* « drille » : commandant d’escadrille
96 pages, 24 x 32 cm, couverture cartonnée
0,895 kg