Après un premier tome qui nous avait enthousiasmés il y a un an et demi, Nigels Stevens revient nous prendre par la main pour nous guider dans un processus de restauration d’un avion ancien. Toujours avec sa pointe d’humour anglais, il entre cette fois-ci dans le vif du sujet, et traite en 14 chapitres du transport d’une épave, de son démontage et de sa conservation, puis de son nettoyage et de l’inspection des structures métalliques, de considérations sur la conception d’un moteur et sur sa durée de vie, des carburants via leur théorie, leur histoire et leur avenir, des lubrifiants et autres fluides hydrauliques, de la fatigue des matériaux, des règles de l’art appliquées à l’aviation, des hélices par leur théorie, leur mise en œuvre, leur inspection et leur réparation, des tableaux de bord et des instruments, avec une focalisation sur les compas du fait de leur éventuelle radioactivité, et enfin du poste de pilotage et des commandes de vol.
Mais une fois de plus, au-delà de ce fil rouge d’une récupération d’un vieil appareil, c’est un traité de connaissances générales concernant le monde de la technologie de l’aviation et de la mécanique aéronautique qui nous est présenté, et on termine chaque chapitre avec une bouffée de bien-être et cette impression d’avoir enrichi ses connaissances. Vous savez, ce sentiment que l’on résume en disant que l’on va se coucher moins bête…
Et ce, d’autant plus que les exemples et comparaisons que l’auteur nous présente ne se limitent pas au domaine aéronautique (la traversée de la Manche et le moteur Anzani, les courses Schneider des années 20, les accidents du DH106 Comet, etc.) mais s’appuient parfois sur des domaines voisins, comme l’automobile, et vous serez vite incollable sur le frettage, sur le microbillage, sur l’art d’utiliser les bougies, sur les quatre indices d’octane et les différences entre les carburants « été » et « hiver », sur les grades des huiles et leur saisonnalité également, et tant d’autres choses.
Rappelons que Nigel Stevens est un ingénieur anglais, vivant en France et ayant réalisé lui-même la restauration d’un De Havilland Canada Chipmunk. Faute de trouver la documentation qu’il lui fallait pour cela, il a dû mener de multiples recherches, et a décidé de les partager par le biais d’articles dans Les cahiers du RSA, revue éditée, comme ces livres, par la Fédération RSA, l’ancien « Réseau des Sports de l’Air » cher aux constructeurs amateurs.
Si l’ouvrage est de haute qualité, papier glacé et nombreuses illustrations d’aujourd’hui ou d’époque, il n’est pas exempt, de temps en temps, de quelques fautes d’orthographe ou de grammaire, mais souvenons-nous que s’il écrit ― très correctement ― en français, l’auteur est quand même anglais.
Une fois de plus, il faudra prendre notre mal en patience : l’ouvrage est annoncé en trois volumes, et comme les chapitres correspondent à ces articles publiés dans cahiers du RSA, il va nous falloir attendre encore un an et demi environ pour pouvoir nous régaler de la suite.
Mais, après tout, une restauration de qualité, ça prend du temps…
Jean-Noël Violette
192 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple
0,777 kg
– Préface de Catherine Maunoury, présidente de l’Aéro-club de France