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Rêve de fille, ailes de femme

Suzanne Bonabel

Il est connu qu’il existe deux chemins pour devenir pilote de ligne, outre les reconversions de pilotes militaires. Le premier c’est la voie royale, ouverte aux étudiants scientifiques, celle de l’ENAC (École Nationale de l’Aviation Civile), avec parfois quelques variantes (cadets Air France, etc.) La seconde, plus longue, plus laborieuse et plus coûteuse, c’est la « filière aéro-club ». Si la durée de la première peut être assez courte, bien que cela dépende souvent de la conjoncture économique, celle de la seconde est très variable, en fonction bien souvent des ressources financières du candidat.

C’est peut-être un record absolu que nous raconte Suzanne Bonabel dans son autobiographie Rêve de fille, ailes de femme, de ses premiers vols et de ses premières performances en planeur à l’âge de 19 ans, à son accès au poste de pilotage d’un avion de ligne plus de trente ans plus tard ! Lorsque l’on découvre les conditions dans lesquelles elle a grandi, dans un dénuement financier et affectif presque total, et lorsque l’on réalise le facteur aggravant que fut celui d’être une femme dans un milieu qui n’était pas encore prêt à cela, on mesure le mérite qu’elle a eu à persévérer, petit à petit. Et on découvre que cette histoire est ainsi un véritable hymne à la pugnacité.

L’ouvrage est conçu selon une ligne plus ou moins chronologique, avec des sujets présentés par thèmes le long de cette ligne : scolarité, santé, emplois exercés, etc. On remarque au fil de la lecture qu’il n’y a rien sur le thème « vie personnelle », et l’on devine une grande pudeur à ce sujet. De temps en temps, l’auteur insère aussi quelques explications techniques à l’attention des profanes en aéronautique, ou des informations touristiques ou géographiques sur les lieux dans lesquels elle a évolué. Les anecdotes sont nombreuses, souvent savoureuses.

Et, cerise sur le gâteau, bien qu’elle nous raconte tout de même les sales coups vécus et parfois reçus de certains, l’auteur n’exprime pas la rancœur que l’on trouve parfois dans des ouvrages analogues. Au contraire, elle sait rappeler que quelques brebis galeuses n’empêchent pas le troupeau des aviateurs dans son ensemble d’être très correct. Et lorsqu’elle évoque quelque réussite, elle ne se départ jamais d’une grande modestie. Enfin, elle ne ménage pas ses éloges et sa reconnaissance envers ceux qui ont su l’aider.

Le livre est enrichi de photos personnelles de Suzanne Bonabel ; on peut juste regretter que ces illustrations de soient pas plus nombreuses, notamment au début, ni mieux mises en valeur par une meilleure qualité d’impression. Mais à la décharge de l’auteur, il faut reconnaître que pour un livre en autoédition et réalisé par ses seuls soins, ce n’est pas si mal malgré les presque inévitables petites fautes restantes ou la mise en page très sommaire. Ce livre est donc à découvrir : c’est un témoignage sympathique d’une expérience considérable dans une aviation de moins en moins petite au fil des pages.

Peut-être, comme moi, en refermant cet ouvrage n’aurez-vous qu’une seule envie, celle d’avoir l’occasion de passer dans les Alpes de Haute Provence et aller la saluer à Vaumeilh dans le gîte qu’elle gère depuis son départ à la retraite. On ne sait jamais, peut-être vous racontera-t-elle encore une de ces anecdotes vécues en vol dans les Caraïbes. Attendez-moi, Madame Bonabel, j’arrive…

Jean-Noël Violette


428 pages, 15 x 21 cm, couverture souple

En bref

Autoédition

ISBN 978-2-6536252-0-2

24,50 €

Chronique : Jean-Noël Violette