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Robert Esnault-Pelterie

Du ciel aux étoiles, le génie solitaire
Félix Torres & Jacques Villain

Ouvrage épuisé

 Coup de cœur 2008 

Si Robert Esnault-Pelterie (1881-1957) a laissé un nom parmi les pionniers de l’aviation, bien souvent pourtant en dehors d’un cercle de passionnés, le public ignore le rôle de ce grand homme dans l’histoire du vol et de la conquête de l’espace.

Ingénieur, inventeur génial, il a été parmi les premiers à s’élever au tout début du XXe siècle. Mais il est surtout pour l’histoire, l’inventeur des volets de gouvernes (remplaçant le gauchissement, c’est à dire la torsion des ailes), et du manche à balais dont il a déposé le brevet en 1907 et qu’il a du défendre en justice pendant de longues années.

Constructeur des avions REP, présents dans les fêtes d’aviation et dans les courses aériennes, ceux-ci ont été également utilisés par l’Armée au début de la Grande Guerre, mais écartés peu à peu des commandes militaires. Cela l’a obligé à changer ses productions au profit de la constructions sous licences d’avions Caproni et Sopwith. Cependant, il était toujours le président de la Chambre syndicale des industries aéronautiques et, à ce titre, acteur de premier plan de la mobilisation des moyens industriels pour la défense nationale.

À peine la guerre achevée, il a quitté l’aviation pour l’astronautique et dès 1927, levant le secret sur ses travaux, il a présenté une conférence à la Sorbonne sur « l’exploration par fusées de la très haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires ». Et seulement quelques mois plus tard, il attirait l’attention du Président de la République sur le risque de voir un jour l’Allemagne utiliser la fusée comme missile balistique !

En 1930 enfin, il publiait un ouvrage majeur, L’Astronautique, dans lequel il abordait la plupart des problèmes posés par la réalisation d’une fusée et son utilisation possible, dont le voyage vers la Lune. Soutenu par l’Etat, il a pu alors travailler à la première fusée française. Et en 1936, il est entré à l’Académie des sciences.

Ayant délaissé ses recherches pendant l’occupation, il les a reprises après la guerre, bien qu’il ait alors un retard évident sur ses concurrents allemands, américains et soviétiques. C’est en effet en 1957, le jour même de la première tentative de lancement du premier satellite américain Vanguard, et deux mois seulement après le vol du Spoutnik, qu’il est décédé à Nice. Tout un symbole !

Remarquable travail de recherche et de synthèse, cet ouvrage entre dans la catégorie des « sommes », des livres de références qu’il conviendra à l’avenir de tenir à porter de la main. Ses deux auteurs se sont d’ailleurs partagés la rédaction des chapitres selon leurs domaines de compétence. Felix Torres, agrégé d’histoire, est un spécialiste de l’histoire industrielle, tandis que Jacques Villain, membre de l’Académie de l’air et de l’espace, ancien ingénieur en missile balistique, est spécialiste de l’histoire de la conquête spatiale.

Ce livre de 401 pages, dont 39 d’annexes, sources et notes, ne laisse aucune zone d’ombre sur la formidable carrière de ce grand pionnier, répondant à tous les questionnements qui immanquablement viennent au lecteur.

Le livre est abondamment illustré de nombreux clichés (en plusieurs cahiers) issus de la collection familiale Esnault-Pelterie, mais aussi de documents publics, ce qui éclaire la lecture d’un ouvrage particulièrement dense.

Thierry Le Roy


416 pages, 17 x 24 cm


Prix Charles Dollfus 2007 (Aéro-Club de France)
Coup de cœur de l’Aérobibliothèque 2008

En bref

Éditions Confluences

N° ISBN : 978-2-35527-002-4

Coup de cœur 2008
épuisé
24,50 €