Benoit COLIN continue de tracer le sillon qu’il avait commencé avec ses ouvrages les hommes du Groupe de Chasse I/8 1936-1942 et d’un engagement à un autre, Pierre COLIN officier de l’armée de l’Air et chef de l’Armée Secrète, Montpellier 1940-1944, avec cette biographie du commandant THOLLON, pilote dans ce même groupe de chasse et as aux 8 victoires en 1940.
C’était surtout par son statut d’as, et premier au palmarès des pilotes de Bloch 152 qu’il était connu. L’auteur complète donc ici par une biographie détaillée, retraçant l’ascendance de l’aviateur, ses jeunes années, sa formation à l’école de l’air en 1937, ses brillants résultats, son intégration au G.C. I/8, la drôle de guerre, la transformation sur Bloch, les combats aériens de mai et juin 1940.
L’éclairage est surtout appuyé sur les années d’occupation, où Robert THOLLON occupe des postes importants au mouvement Jeunesse et Montagne, préparant un hypothétique retour au combat tant pour des cadres issus de l’armée de l’Air comme lui, que des jeunes à soustraire de l’influence du régime de Vichy et du Service du Travail Obligatoire. Le rapprochement avec les mouvements de résistance s’effectue progressivement et bien évidemment clandestinement, aboutissant au combat armé au sol pendant l’été 1944 dans le centre de la France. Le Commandant THOLLON devient à l’automne 1944 le chef du G.C. II/18 Saintonge, issu du groupe Doret. Fin décembre 1946, il est nommé à la tête de la 3ème escadre. Le 24 février 1948, il est victime d’un accident de ski et décède dans la nuit qui suit.
On sent l’attachement viscéral de l’auteur pour la personne de Robert THOLLON, contemporain de son grand-père, et le besoin d’une forme de réhabilitation, comme l’illustre le titre du chapitre 9 : La reconnaissance… un chemin semé d’embuches. Il met parfaitement le doigt sur l’ambiguïté du mouvement Jeunesse et Montagne, certainement la principale raison du peu de notoriété du pilote. Le récit semble parfois hagiographique, tant l’auteur insiste sur toutes les qualités de Robert THOLLON. En l’absence des carnets de vol, Benoit COLIN a reconstitué une partie des vols du pilote, gros travail de compilation puisé à plusieurs sources.
L’iconographie compte 60 illustrations, disséminées au fil de l’ouvrage, en noir et blanc.
De nombreuses notes de bas de page concernent l’état-civil des autres personnes citées. Si elles témoignent d’un vrai travail de recherche, la pertinence de ces détails peut faire perdre le fil de la lecture, et n’apportent pas forcément grand-chose. L’ouvrage se lit très aisément, on regrettera juste que l’avionneur Junkers a perdu son s final à chaque fois qu’il est cité.
Cette biographie éclaire d’un jour nouveau l’un des as de la campagne de France, avec efficacité et persuasion.
Jocelyn Leclercq
– 240 pages, 15 x 21 cm, couverture souple,