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Rochefort et l’aéronautique

Au fil du temps, au fil de l’air
Philippe Mauffrey

Cet ouvrage est le premier à rappeler la longue histoire des liens existant entre Rochefort-sur-mer (Charente-Maritime) et l’aéronautique sous toutes ses formes. En seize chapitres, l’auteur fait ainsi le tour d’une histoire locale qui s’inscrit pleinement dans l’histoire générale de l’aviation et de l’aérostation, dans la mesure où Rochefort est la pépinière des techniciens de l’Armée de l’air et de l’Aéronautique navale.

Le premier abord est bon, car l’auteur fait la part belle à une iconographie de qualité, souvent inédite, grâce, entre autres, aux fonds documentaires du Musée de l’aéronautique navale. Il a fait aussi le choix d’un découpage chronologique laissant place à des ruptures thématiques qui permettent des coups de projecteur sur quelques points (l’aviation sanitaire de l’aéroclub charentais, l’Aviation populaire, le musée de l’aéronautique navale) qu’il eut été dommage de délaisser. Malheureusement, cette impression est trop vite remise en question par un grand nombre d’erreurs dont certaines auraient pu être aisément évitées ; le général Denain n’a pas été « nouveau ministre de l’air  » en septembre 1936 et les hydravions FBA n’étaient pas construits par les Anglais. J’en passe ! Plus graves sont les erreurs de fond. Car l’auteur, à vouloir compiler tout ce qui lui passait entre les mains, en a oublié deux points essentiels de l’écriture historique : la critique des sources et l’évolution de la recherche. Tout ce qui a été écrit ne l’a pas été nécessairement pour l’Histoire, et ce qui est écrit peut s’avérer faux à la découverte de nouvelles sources ou d’une analyse plus poussée.

On lit par exemple (pages 77-78) que les grèves de 1936 auraient été cause de la Seconde Guerre mondiale (« les grèves (…) mènent droit à l’échéance fatale de septembre 1939, par un retard industriel insurmontable (…) »). L’auteur aurait gagné à lire, sur le sujet, des ouvrages plus récents (postérieurs à 1942), comme aussi sur l’Aviation populaire.

Sur d’autres périodes, il s’en sort mieux, grâce notamment aux travaux de l’ARDHAN dont il profite largement (en particulier Les dirigeables de la Marine française 1915-1937 par Robert Feuilloy), ou encore d’autres livres comme Rochefort 30 ans de passion de l’ancien maire Jean-Louis Frot (2004), pour les derniers chapitres.

L’auteur citant ses sources, il n’y a rien là de fâcheux. Mais il le fait malheureusement d’une manière peu orthodoxe (sous les paragraphes alors que des notes de pages auraient suffi) mettant au même niveau les sources primaires, comme des carnets personnels ou des articles de presse anciens (d’ailleurs repris sans critique), et des sources tertiaires voire quaternaires comme la très mystérieuse « source SIRPA air » ! Cela manque terriblement de précision. Mais le plus surprenant, c’est lorsqu’il est fait référence à un ouvrage non encore paru (« ouvrage de l’auteur en préparation »). Il nous faudra donc attendre la sortie du dit livre pour connaître l’origine de l’information.

Toutes ces maladresses sont bien regrettables, parce qu’il y a beaucoup de choses dans ce livre dont le sujet présente un réel intérêt. Parce qu’il s’agit d’une chronologie sans analyse, les connaisseurs de l’histoire de l’aviation n’y apprendront pas énormément. Mais l’ouvrage s’adresse davantage au grand public, et en premier lieu aux Charentais qui auront sans doute plaisir à voir leur ville sous un angle nouveau : vue du ciel.

Thierry Le Roy


208 pages, 30 x 24 cm, relié
1,319 kg

En bref

Philippe Mauffrey autoéditeur

ISBN 978-2-9539514

39 €