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Roland Garros

Un inconnu si célèbre
Georges Fleury

Le lieutenant Roland Garros, pilote à l’escadrille SPA 26, a été abattu par un Fokker allemand le 5 octobre 1918, alors qu’il venait de reprendre le combat après trois ans de captivité. Il pilotait un SPAD portant la célèbre cigogne de Guynemer et de Fonck ; il était de cette même trempe.

Dans son livre, Georges Fleury remet en lumière cet homme exceptionnel, aviateur de grand talent, comme les Latham, Santos-Dumont, Blériot, Farman et autres, dont il relate aussi certains exploits.
Né à Saint-Denis de la Réunion en 1888, Roland Garros grandit d’abord en Indochine, à Saigon, où son père est avocat d’affaires, avant de faire ses études en métropole, à Paris et Marseille. Pratiquant plusieurs sports, surtout le cyclisme, il est champion interscolaire de vitesse sur piste. Après son bac philo, il intègre HEC, en 1907, tout en continuant le sport de haut niveau au Stade Français : course à pied, cyclisme, rugby et tennis.

Il se passionne aussi pour la mécanique, rejoint les automobiles Grégoire à sa sortie d’HEC et devient concessionnaire exclusif de la marque à Paris. Installé à son compte, début 1909, ses affaires marchent bien ; il en tire des bénéfices qu’il consacre à ses loisirs.

Présent à la semaine aérienne de Reims Bétheny, en août 1909, où rivalisent les grands pilotes de l’époque, il décide de devenir aviateur et s’offre une Demoiselle. Lors de sa première tentative de vol à Issy-les-Moulineaux, son avion percute un autre appareil et est détruit. La suite est plus heureuse : quelques dizaines de mètres en rase-mottes lui ouvrent définitivement les portes du ciel…

À peine breveté par l’Aéroclub de France, il participe à plusieurs meeting en Bretagne, à Cholet et Rennes, bravant le mauvais temps et les foules frustrées d’assister à si peu… Améliorant sa technique de pilotage sur des avions plus puissants, au prix de nombreuses casses, il vole avec succès pour des défis richement primés, rêvant de ne vivre un jour que de sa seule passion, l’aviation. Profitant d’un concours de circonstances, il participe au meeting de New York, le 22 octobre 1910, sur ses propres avions, de fragiles Demoiselle. Sur place, il rejoint la tournée Moisant, une troupe d’aviateurs casse-cou vouée aux spectacles aériens. On vole de ville en ville, Dallas, la Nouvelle-Orléans, El Paso, jusqu’au Mexique, puis à Cuba, défiant l’altitude et les météores en folles acrobaties aériennes, pour plus d’émotions.

De retour en Europe, il participe en 1911 à des courses au long cours sur Blériot. Paris-Madrid, Paris-Rome, Circuit européen, avec pannes moteur et atterrissages en catastrophe, lui taillent progressivement un statut de grande vedette. Recordman du monde d’altitude à Dinard en 1911, il part pour le Brésil en 1912, dans la cadre d’un contrat d’exhibitions. Plus tard, sa victoire au circuit d’Anjou, malgré des conditions météorologiques exécrables, fait de lui « le plus grand aventurier de l’air », un sacre médiatique et national. Ayant repris son record d’altitude plusieurs fois jusqu’à 5600 mètres à Tunis, en décembre 1912, il réalise la liaison Tunis Rome, via la Sicile et, le 21 septembre 1913, la traversée directe de la Méditerranée sur Morane, entre Fréjus et Bizerte, en 8 heures 30 minutes de vol, l’exploit absolu malgré quelques ennuis mécaniques.

Au début de la Grande guerre il s’engage comme deuxième classe dans l’aviation, participe victorieusement aux premiers combats aériens et met au point le tir à travers l’hélice, avant d’être contraint de se poser derrière les lignes ennemies…

L’homme combatif et généreux, fier et adulé par ses pairs, mort au Champ d’honneur en héros, a vécu entouré d’une constellation de célébrités, toutes passionnées d’aviation et liées d’une amitié sincère. Les dernières lignes touchantes sur la reconnaissance de son corps par son grand ami Edmond Audemars, en montrent toute l’intensité.

Voici la belle biographie d’un grand aviateur. Passionnante et pleine de respect, elle tombe à pic, alors que s’engage sur les cours de tennis le célébrissime tournoi de Roland Garros. Elle redonne avec légèreté et talent l’ambiance si particulière du temps des pionniers de l’aviation, prêts à tous les sacrifices et à toutes les imprudences pour assouvir leur passion. Sous sa plume agile, l’auteur nous les rend plus intimes, de l’éveil de leur passion jusqu’aux vols records. Ces aventuriers un peu fous, comme Beaumont ou Védrines, compétiteurs comme Roland Garros, appartenaient à des clans souvent rivaux, et ne durent qu’à de généreux mécènes, peu regardant sur le prix de leurs nombreux capotages, la chance de pouvoir sillonner le ciel toujours plus haut, toujours plus loin. Georges Fleury auteur de nombreux ouvrages biographiques, met tout son savoir faire pour nous proposer dans un style simple et alerte de partager leur essor. Un ouvrage très réussi qui séduira les spécialistes et intéressera le plus grand nombre !

Richard Feeser


392 pages, 14 x 21 cm, broché

En bref

Éditions Bourin

ISBN 978-2849411230

22 €