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Royan-Médis Juin 1940

L’envol pour l’honneur
des premiers aviateurs de la France Libre
Christophe Soulard

L’idée de faire connaître le parcours étonnant de cinq aviateurs permet de se rendre compte que la Résistance commence avant même l’appel du 18 juin.

Ce petit ouvrage prend le pari de raconter la décision qui va changer à jamais la carrière militaire de cinq officiers aviateurs que sont Yves Ezanno, Henri Gaillet, Robert Moizan, Albert Preziosi et Jacques Soufflet. Refusant l’avenir sombre qui se dessine sous occupation allemande, ils veulent rejoindre la Grande-Bretagne en s’échappant par Royan.

D’un format A5 de 160 pages, cet ouvrage narre dans son premier tiers l’aventure aérienne qui s’est déroulée tout près de l’importante station balnéaire de Charente-Maritime. On y découvre aussi les débuts de l’aéroclub de la Côte d’Argent, les efforts des élus locaux pour y amener un possible aéroport, les débuts de l’école Caudron et ses deux premières promotions avant fermeture. À la veille de l’entrée en guerre, l’école des mécaniciens Caudron reprend du service en mars 1939, avant l’arrivée à la mi-mai 1940 de l’École de Pilotage n°101 de Saint-Cyr-l’École.

La presse régionale d’époque, des documents originaux, des archives photos inédites de Michel Sicard permettent de découvrir cette histoire qui ne fut à ce jour que rarement traitée. Christophe Soulard, qui a déjà rédigé une quinzaine d’ouvrages en autant d’années, semble aborder son premier sujet aéronautique — hormis son ouvrage de 304 pages sur la vie de Georges Guynemer — et son texte enchaine une narration associée à des témoignages souvenirs ou des reprises d’articles de presse et de comptes-rendus municipaux.

Le reste du livre témoigne par la biographie le parcours de ces cinq hommes bien différents. Les indispensables sources que sont les dossiers personnels des sous-séries AI 1P et GR 16P du Service Historique de la Défense offrent la précision et les détails nécessaires pour suivre leur chemin militaire, certains allant jusqu’au sacrifice ultime. L’auteur s’est également servi de livres ou d’autobiographies comme celle de Jacques Soufflet, mais aussi d’informations familiales comme les rares archives de la famille Ezanno.

Néanmoins, on peut regretter que Christophe Soulard ajoute des éléments à ces biographies, alors que l’intéressé n’est plus présent à l’époque donnée : pas plus de missions de nuit que d’attaques de V1 lors de la présence d’Ezanno au Groupe « Lorraine » au début de l’été 1943, par exemple, mais plus contestable encore est la partie romancée concernant Albert Preziosi. La légende veut qu’il puisse avoir été le « père » de Mouammar Kadhafi (vers 1942-2011) et l’auteur rapporte à ce sujet une aventure qui pourrait être possible si la dure réalité des archives ne s’opposait à l’idylle en question aux dates mentionnées. Les documents d’époque existent encore. Sans entrer dans les détails, il n’y a donc aucune trace d’un égarement prolongé de Preziosi à l’issue d’un vol, mais les périodes de repos et de non-activité aérienne n’étant pas consignées, les fantasmes et rêves peuvent laisser imaginer tout ce que l’on veut.

Il est décevant que les informations d’origine wikipediatesque puissent jeter le discrédit sur le reste de l’ouvrage, car les autres parcours ont besoin d’être connus, car bien racontés. Une relecture par un spécialiste de l’aviation militaire de la Seconde Guerre mondiale n’aurait pas nui à la qualité générale de l’ouvrage*. Les illustrations du premier tiers de cet ouvrage restent intéressantes, ce qui n’est pas le cas des clichés légendés « coll. privée DR » complétant les biographies, ceux-là étant généralement déjà connus de la part de celles et ceux qui suivent la fabuleuse aventure des FAFL.

Bertrand Hugot


* Cela aurait permis d’éviter, par exemple page 58, de légender la photo d’un Morane-Saulnier 406 en le présentant comme étant un Caudron Simoun.


160 pages ; 21 x 14,8 cm ; broché

En bref

Éditions Bonne Anse

ISBN 978-2-916470-50-4

20 €