Nous autres, Occidentaux, n’avons généralement qu’une image biaisée des samouraïs, basée sur l’idée qu’il s’agissait d’êtres raffinés cultivant les arts, d’une fidélité inébranlable et faisant passer leur honneur avant leur vie. Quant aux kamikaze, la propagande — ainsi que l’usage moderne du mot, passé dans la langue journalistique pour désigner n’importe quel terroriste suicidaire — des armées occidentales les fait généralement passer pour des imbéciles manipulés et fanatisés.
Un ouvrage comme celui de Constantin Parvulesco est donc utile pour rappeler la profonde filiation entre samouraï et kamikaze, ceux-ci reprenant en bonne part traditions et moralité de ceux-là — et ceux-là n’étant pas non plus dépourvus de défauts…
Pour cela, l’auteur retrace une large part de l’histoire japonaise, des guerres contre la Corée et la Chine jusqu’aux bombardements-suicides de la fin de la Seconde guerre mondiale. Le sous-titre de l’ouvrage est ainsi parfaitement justifié : des premières grandes batailles japonaises à la démilitarisation par l’occupation américaine, de la naissance des samouraï à la disparition des kamikaze, c’est plus de 1000 ans de traditions qui sont passés en revue, au fil d’un texte soigneusement écrit et d’une riche iconographie.
Après ce précis historique, la seconde moitié de l’ouvrage est consacrée à la vie des samouraï : habillement, armement — spécialité de l’auteur, qui a publié un volume dédié aux armes à feu chez ETAI — et art de vivre. Là encore, on apprécie la généreuse illustration de l’ouvrage, soutenue par une impression irréprochable et un papier de qualité.
On ne manquera pas de regretter ici l’absence totale d’étude du cas des kamikaze : si l’on s’intéresse pendant une cinquantaine de pages aux sabres, armures, arcs et armes à feu, pourquoi ne pas toucher un mot des appareils utilisés, Zero de réforme ou Ohka spécialement conçus ? S’il est un reproche à faire à cet ouvrage, par ailleurs solidement documenté, bien écrit et intéressant, c’est cette prééminence du samouraï, le kamikaze n’étant abordé que dans la partie historique, malgré un titre qui laissait imaginer un traitement égal.
Franck Mée
160 pages, 24,5 x 29,5 cm, relié