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Cette Histoire de l’espace militaire mondial écrite par Jacques Villain est absolument remarquable.
L’auteur présente, malgré le secret qui enveloppe cette activité, la politique de la recherche du renseignement, mot pudique qui signifie espionnage. Il montre comment les puissances grandes et moins grandes font preuve de la plus grande inventivité, en y consacrant des budgets colossaux, pour avoir la maîtrise des technologies qui leur permettront de détecter le plus tôt possible les initiatives de leurs concurrents amis ou ennemis.
En plus, et à coté des avions de type U2 ou SR 17 ou des ballons, l’auteur décrit en détail le développement des satellites qui en cinquante ans sont passés de quelques dizaines de kilos à quelques tonnes, avec des durées de vie de quelques heures à quelques années et maintenant ravitaillables en vol ! Ce faisant, les performances se sont considérablement accrues, la résolution, passant de quelques mètres à quelques centimètres, allant de pair avec la précision des engins balistiques susceptibles d’atteindre les objectifs détectés.
Toutes les techniques de prises de vues sont évoquées, de la photographie classique à l’infrarouge en passant par le mapping radar, les films étant développés soit dans le satellite , les images étant converties pour être transmises au sol ou expédiés dans des cassettes récupérées en vol ou à terre. Le traitement de ces millions d’images, bien souvent automatique, montre les limites de ce type d’interprétation qui a conduit les différents organismes de renseignement à se doter de nombreux spécialistes interprètes photos. Malgré tous ces raffinements, les Américains, par exemple, n’ont pas détecté les essais nucléaires de l’Inde en 1998 pas plus que les attentats de 11 septembre 2001. Il faut aussi noter que des contre-mesures tels des faux chars dotés d’émetteurs infrarouges simulant des moteurs en fonctionnement sont susceptibles de leurrer les meilleurs interprétateurs.
Si depuis les accords de Moscou en 1967, la « nucléarisation » de l’espace par satellite interposé est exclu, le déploiement des armes conventionnelles lui, n’est pas interdit et la guerre entre satellites reste possible et préparée.
Jacques Villain évoque aussi les réseaux d’écoute de toute nature comme les « grandes oreilles » du système Echelon qui décryptent aussi bien la téléphonie satellitaire que mobile, induisant notamment des préjudices commerciaux considérables. Outre leurs aspects militaires les satellites ont de multiples usages en communication, météorologie, environnement, navigation…
Abondamment illustré de photos de qualité en noir et blanc dans le texte et d’un cahier de magnifiques images en couleur de 32 pages, ce livre est un ouvrage de référence. Il est doté d’une importante bibliographie et d’un index. Un ouvrage que l’Aérobibliothèque recommande chaudement.
Philippe Bauduin
232 pages, 15 x 24 cm, broché