Ce livre, fort bien écrit par un pilote hors pair, Jean Debroize, décortique en détails, les périlleuses missions que doivent affronter les équipages des hélicoptères de sauvetage en milieu maritime.
On s’aperçoit à l’énumération des interventions en mer que ces opérations sont beaucoup plus dangereuses et délicates que les missions en haute montagne. Certes, Il n’y a pas le danger lié à l’altitude, mais d’autres risques bien plus grands, dus en partie aux conditions météorologiques variables que les pilotes doivent anticiper pour que le succès du sauvetage soit une réussite pour tous. D’innombrables paramètres sont en prendre en compte à chaque préparation avant le décollage, en accord avec tous les organismes officiels chargés de délivrer les autorisations de vol dans une zone géographique bien précise. Elles ne sont pas nécessairement les mêmes s’il s’agit d’un secours en mer de jour ou nuit, d’une mission de travail aérien ou d’une urgence sur un navire en train de couler.
D’ailleurs, trop de réglementations contradictoires et pesantes semblent parfois nuire à la rapidité d’action qui est cruciale selon les cas. L’équipage est tenu de travailler main dans la main avec le CROSSMA, le navire en détresse, la SNSM, la Marine Nationale ainsi que la Douane parfois rigoriste, apparemment empêtrée sur le moment par des règlements inappropriés. Il faut même dans certains cas que ce soit le Préfet maritime qui tranche lui-même quand toutes les solutions raisonnables ont été épuisées.
Les équipages sont rompus à des situations spécialisées, comme celle de pilote hauturier qui n’est pas des plus simples : cela consiste à déposer par hélicoptère un pilote sur un pétrolier ou un navire de gros tonnage, stationné au large, pour le faire rentrer au port sans dommage, et ce par tous les temps, de jour comme de nuit.
La Société Héli-Services, basée à Cherbourg, a effectué de 1980, année de sa création, à 1995, des missions de tous ordres. Ses débuts, forts modestes, ont mis leur Alouette III à rude épreuve, avant qu’ils n’acquièrent un appareil plus conséquent permettant l’emport plus aisé d’hommes et de matériel ; et ce sans restriction de place ni de poids : un Sikorsky S58T doté de deux turbines, qui peut emporter jusqu’à douze personnes. Dans cet appareil, le plongeur sauveteur, le médecin et le treuilliste peuvent travailler ensemble sans se gêner et en emportant tout l’équipement indispensable à la mission (pompes, brancards, matériel médical, etc.)
Dans ce livre, on découvrira comment l’archange du Mont Saint-Michel s’est fait refaire une beauté grâce au Dauphin d’Héli-Services, comment se déroule la surveillance de la pêche en Namibie, avec le respect des quotas et la chasse aux braconniers de la mer, ainsi que celle de la surpêche catastrophique pour l’écosystème. Bref, tout un tas d’aventures majoritairement marines puisqu’elles se passent essentiellement dans une zone située entre le Mont Saint-Michel et la frontière belge, l’ensemble sous l’autorité du préfet maritime de Cherbourg.
Ce livre fait découvrir une facette peu connue du métier de pilote d’hélicoptère, le sauvetage en mer relevant pour la plupart des gens de la Marine Nationale, des vedettes de la SNSM ou de la gendarmerie maritime. On ne pense pas forcément à la participation d’un opérateur civil. Ces équipages courageux et téméraires ne sont hélas pas toujours remerciés comme ils le devraient, les personnes secourues ne manifestant généralement guère de reconnaissance.
Un bon livre, mais qui peut s’avérer fastidieux à lire pour ceux qui n’accrocheraient pas à la succession de récits détaillés d’interventions. Un ouvrage que l’on abordera comme un recueil de récits d’aventures, en effectuant éventuellement une pause entre les chapitres.
Daniel Liron
242 pages, 15,3 x 24 cm, broché
cahier photos 12 pages
0,400 kg