Se battre en Algérie est un livre de batailles, décrivant la Guerre d’Algérie sous toutes ses formes. Du Djebel caillouteux jusqu’aux dunes désertiques, l’ennemi fellaga se camoufle partout, poursuivi par les troupes d’élites de l’armée française. Les affrontements sont violents et meurtriers lorsqu’on en vient à se canarder à quelques mètres de distance. Les vaillants moudjahidin n’ont trouvé que cette ultime manière pour exprimer les années de frustrations et de rancœurs de leur pays colonisé. Les mitrailleuses à cadence rapide donnent le rythme à ces massacres où le courage, le sang-froid et la détermination des deux camps, ne cessent que quand l’un d’eux prend enfin le dessus au prix de lourdes pertes.
Dans des massifs montagneux, difficiles d’accès, où se déroulent les plus durs combats, comme au Souk-Ahras, les fantassins, sahariens, légionnaires, fusiliers marins, parachutistes, crapahutent vaillamment, aidés par les Piper d’observation de l’armée de Terre ou les DC-3 « Luciole » qui les éclairent. Ce sont les premiers éléments aériens à intervenir avant que l’aviation de chasse ne prépare le terrain ou vienne en appui feu rapproché, comme l’aurait fait une artillerie plus mobile. Les T-6, Mistral, P-47 Thunderbolt, Sipa, de l’armée de l’Air, les Corsair de la Marine, mitraillent des positions où les « bananes » et autres hélicoptères Bell, H-19, H-34, viennent déposer des renforts ou évacuer les blessés. Parfois, lorsque le terrain le permet, les automitrailleuses EBR ou les chars M-24 Chaffe, entrent dans la danse meurtrière pour dégager une grotte ou anéantir un nid de mitrailleuse, si ce n’est fait au lance-flammes.
On est surpris par la totale complémentarité entre les forces terrestres et aériennes dans cette guerre sans merci où parfois les anciens de Dien Bien Phu se retrouvent face à face dans des luttes acharnées : amis hier, ennemis demain ! Beaucoup de soldats d’origine nord-africaine passent à l’ennemi, certains rapidement promu à la tête des katibas (bataillons de l’armée de libération algérienne).
Toutes les attaques décrites, de 1954 à 1962, fournissent des tableaux poignants et véridiques où les appelés du contingent partagent l’âpreté des combats. Comme les autres, ils rampent dans les caillasses ou les tapis de ronces, sous le feu nourri d’un tireur d’élite qui ne vise qu’à la tête. Beaucoup tombent au champ d’honneur, percés de mitrailles ; Patrick-Charles Renaud les tire de l’enfer et leur redonne vie pour un vibrant hommage.
Ce livre, passionnant, illustré de deux carnets de photos couleurs inédites, replace ces affrontements pathétiques dans le contexte politique de l’époque où certains combattants métropolitains héroïques crurent pouvoir donner un sens à une cause perdue.
Richard Feeser
456 pages, 17 x 23 cm, couverture souple
+ 32 pages de photos