La France a été une terre très fertile pour l’émergence de l’aéronautique comme l’a déjà montré Claude Carlier dans son ouvrage précédent, l’excellent Le Match France-Amérique. Avec ce nouvel ouvrage consacré à l’émergence de l’aéronautique, Claude Carlier montre que les militaires n’ont pas été en reste. Très tôt, plusieurs longues années avant que des techniques aériennes fiables n’existent, l’Armée française avait misé sur le développement d’une capacité militaire aérienne et avait par exemple signé un accord avec Clément Ader. Mais, loin d’un amour-propre national aujourd’hui habituel, les Français ont essayé également d’acquérir la machine des frères Wright bien avant que d’autres nations s’intéressent à l’emploi militaire de l’aviation. Ainsi, la France pense à une aéronautique militaire bien avant les premiers vols militaires et devient ainsi la pionnière de la puissance aérienne aujourd’hui tellement répandue en occident et qui a donné, et donne toujours, une puissance stratégique de premier ordre.
Sera maître du monde qui sera maître de l’air tire son titre d’une phrase prémonitoire de Clément Ader qui fut également l’un des précurseurs de la pensée aérienne et de la doctrine d’emploi de l’aviation. Ce livre passionnant, écrit sur un ton un peu romancé qui rend l’histoire facile à lire, est une étude précise et précieuse de la façon dont les militaires et les décideurs de l’armée française ont petit à petit imposé une arme si novatrice dans les grandes traditions de la vieille armée française. Ne se limitant pas au domaine militaire, Claude Carlier évoque la création de l’aéronautique militaire sous son aspect parlementaire et montre le rôle de l’opinion publique ainsi que celle de certains industriels influents, le tout sur fond d’un affrontement prévu et inévitable avec l’Allemagne. L’ouvrage s’achève d’ailleurs aux portes de la Première Guerre mondiale, après avoir passé en revue les derniers évènements institutionnels qui structurent l’aéronautique militaire.
C’est une vision particulière de l’aviation à laquelle nous convie Claude Carlier depuis son Le Match France-Amérique. Les racines de l’aviation sont ainsi dévoilées dans deux livres passionnants qui raviront les amateurs de pionniers et de genèses. On ne peut qu’espérer que Claude Carlier sacrifie à la tradition des trilogies pour nous proposer un troisième ouvrage du même cru, par exemple sur les origines du combat aérien ou sur la doctrine de l’aviation française au combat.
Tim Larribau
338 pages, 15,5 x 24 cm, broché