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Si tu peux… vas-y !

Journal d’un pilote aventurier
Gérard Feldzer

« Commandant de bord sur Air France, pilote pour Aviation dans frontières, il a réalisé tous ses rêves.  » Tel est le bandeau que les éditions XO ont placé sur la couverture. Et disons-le tout net : ce bandeau est mensonger.

Un rêve non réalisé, Gérard Feldzer en a un gros : il n’est jamais devenu cosmonaute. Il a réussi les tests physiques, passé les sélections psychologiques, franchi tous les obstacles, il était dans les dix derniers candidats. Là, il s’est fait filtrer par une centrifugeuse, le lendemain d’un Paris-Bombay comme commandant de bord, une semaine où il avait également présenté Le bar de l’escadrille sur Antenne 2. Résumé de Jean-Loup Chrétien : « Vous avez continué à faire plein de choses en même temps, vous n’êtes pas suffisamment motivé ».

Nul doute que ce jour-là, le premier cosmonaute français avait touché juste. C’est ce qu’il ressort du parcours de Feldzer, homme-orchestre capable lundi de piloter un A340, mardi de s’écraser dans une tentative de traversée de l’Atlantique en dirigeable à pédales, mercredi de faire sortir des avions des collections du MAE, jeudi de piloter un A340, vendredi de faire venir un Concorde pour une remise des gaz à 100 m de l’hippodrome de Vincennes, samedi d’inventer des toilettes d’avions, et dimanche de se reposer de son œuvre en menant un Piper Cherokee au Zimbabwe. Un parcours atypique qui le mène du statut de pupille de la Nation à celui de réincarnation du professeur Nimbus, consultant attitré des chaînes de télévision pour tout ce qui vole.

L’ouvrage est à l’image de l’homme : bordélique. S’il y a une vague structure, c’est qu’il commence par les racines et finit dans les airs ; mais inutile de chercher plus de cohérence à ce recueil d’anecdotes, de souvenirs, de réflexions, qui suit la logique de son auteur quitte à changer de sujet au milieu d’un chapitre pour mieux y revenir cinquante pages plus loin. Mais il hérite également de son aspect chaleureux, sympathique : l’écriture est vive, légère, primesautière parfois. Et l’absence de réelle structure a l’avantage d’interdire toute lassitude, permettant de ne pas ignorer les passages tragiques mais de les équilibrer régulièrement en passant dans la foulée à des événements souriants.

L’ensemble n’est pas une leçon de vie, ni vraiment un journal, ni un recueil philosophique ou une autobiographie. C’est un portrait sérieusement loufoque d’un personnage, un hommage aux hasards de la vie et finalement un petit ouvrage sans prétention mais agréable à parcourir.

Franck Mée


288 pages, 15,5 x 21,1 cm, broché
0,469 kg

Feuilleter quelques pages de l’ouvrage [pdf 4 pages 38 ko] (avec l’aimable autorisation des Éditions XO)

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XO Éditions

ISBN 978-2-84563-816-7

19,90 €