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SIREN C30S Edelweiss

Roger Gaborieau

Regards croisés : deux regards différents pour un même ouvrage.

Le commentaire de Philippe Ricco
Le commentaire de Jean-Noël Violette


Jean Cayla, un nom peu connu des amateurs d’avions, mais une star chez les vélivoles. Cet ingénieur passionné, à qui l’on doit notamment les principaux planeurs Breguet, s’est attaché à une formule peu courante : celle des empennages papillons. Son plus beau chef d’œuvre, il l’a construit chez Siren. C’est l’Edelweiss, un planeur reconnaissable entre tous, grâce à ses formes épurées, son fuselage fin et élancé abritant le pilote en position couchée, ses grandes plumes à fort allongement et surtout son empennage papillon si caractéristique, hérité du Breguet 905 Fauvette. Ce très élégant planeur, bien connu des aéromodélistes, grâce notamment à un kit prévu pour une motorisation électrique sorti dans les années 1970, n’a pourtant connu qu’une gloire toute relative et une production limitée d’à peine plus d’une cinquantaine d’exemplaires. À part un article dans Aviation Magazine paru en 1963, peu de sources sont disponibles sur le sujet. Cet ouvrage est l’occasion de rendre enfin un hommage mérité à cette famille, composée des C30, C30S et C34.

L’ouvrage retrace évidemment la genèse du planeur, en commençant par sa filiation avec les planeurs Breguet, puis le passage à la société SIREN. L’auteur explique ses particularités techniques, les choix aérodynamiques, les solutions adoptées pour la construction. Des passages complets des rapports d’essais des pilotes sont reproduits, ainsi que les impressions personnelles de pilotage par l’auteur lui-même. Il y a aussi les biographies de Jean Cayla, des pilotes d’essais et de certains pilotes sportifs auxquels l’Edelweiss doit son palmarès. Description, caractéristiques, versions, carrières individuelles des planeurs, cet ouvrage est assez complet et richement illustré, grâce notamment à une impression tout en couleur. Quelques photos auraient néanmoins mérité d’être un peu plus grandes. Les tentatives infructueuses de développer davantage le planeur sont évoquées, ainsi que les difficultés de la société SIREN, les deux prototypes C34 construits avec l’aide de Bertin, les échecs à l’exportation. Le sujet est traité de manière assez complète. Les textes sont clairs, la mise en page aérée, le papier épais de bonne qualité, rend l’ensemble du document agréable à lire.

Un bon ouvrage qui rend un hommage mérité à un très beau planeur français et à son concepteur.

Philippe Ricco



Les planeurs français auréolés d’un titre de champion du Monde ne sont pas nombreux. Ils n’ont même été que deux. Le premier, en 1954 et 1956, fut le Breguet 901, conçu par Jean Cayla. Sa célèbre maison-mère s’était illustrée par de plus lourdes machines : Br14, Br19, Alizé, Atlantic
Le second, l’Edelweiss, vainqueur en 1965 et également conçu par Jean Cayla, a été construit par une société moins connue en aéronautique, la SIREN. Ce deuxième appareil, très caractéristique avec son empennage papillon et sa position de pilotage très couchée, a toujours gardé une côte d’amour très élevée chez ses utilisateurs, au-delà du simple intérêt esthétique suscité chez tous ceux qui l’ont approché. Dans les Alpes suisses, la petite fleur qui a inspiré son nom à l’Edelweiss est recherchée pour sa rareté. Le planeur de la SIREN n’a été construit qu’à 58 exemplaires seulement, mais ne serait-ce que pour son titre mondial, il méritait bien qu’un livre lui soit consacré.

Roger Gaborieau nous a récemment raconté l’Aviation légère en France 1920-1942, puis l’histoire du Rallye qui avait pour toile de fond la suite, les années 50 et 60. Ce livre sur l’Edelweiss, ses versions C30, C30S, C34 et même deux exemplaires particuliers à train rentrant ou empennage classique, constitue une nouvelle pièce du puzzle, plus centrée sur les années 60-70. L’ouvrage nous raconte bien la genèse de l’appareil, avec Jean Cayla comme fil rouge des planeurs Breguet à ceux de la SIREN puis chez Bertin. Il nous explique ce que fut cette Société Industrielle de Réalisations et d’Études Nouvelles et comment l’Edelweiss, à défaut du chant envoûtant de la SIREN, en fut un peu le chant du cygne.

Le travail rédactionnel de l’auteur intègre les exposés de Michel de la Burgade, les recherches de Christian Ravel, les très riches collections d’Espace air passion (Musée régional de l’air d’Angers) et en particulier des documents hérités des archives de l’Aéro-club de l’Ouest. De fait, les détails sont parfois poussés extrêmement loin, jusqu’aux listes de visites Veritas ou aux échanges de courrier concernant la certification ou les primes d’achat. Mais rassurez-vous, les pièces elles-mêmes sont données en annexe. L’iconographie est remarquable, en variété et en qualité technique des photos, noir & blanc et couleur ; il manquerait tout juste pour un puriste une image de la version ACBA 3A (re-)construite à Nogaro.

En toile de fond nous sont brossés les grands événements sportifs des années 60 et 70 comme les divers championnats du Monde, plusieurs compétitions à l’étranger et les alors-célèbres « 8 jours d’Angers » qu’il était bon de remettre à l’honneur. Des encarts nous rappellent également qui furent, outre son concepteur, les plus célèbres pilotes qui s’illustrèrent à bord de ce planeur, pilotes d’essais et compétiteurs. Les pages les plus détaillées concernent bien entendu Jean Cayla et François-Louis Henry, le champion du Monde 1965 à South Cerney. Puis, rappelant le point fort des ouvrages de Christian Ravel, le gros morceau des annexes est constitué d’une liste de production de tous les C30, C30S et C34, avec un résumé de leur carrière. A travers tout cela, c’est donc une époque qui nous est racontée, celle de l’apogée des planeurs en bois (du bois certes pris en sandwich ici avec des panneaux de Klégécel), avant que ce type de construction soit définitivement détrôné par l’arrivée des « plastiques ».

Dans ce superbe travail général, il convient d’exprimer un petit regret pour ce qui est du seul plan 3-vues, celui monochrome de la page 36 à une échelle non précisée d’environ 1/68e, où l’Edelweiss, habituellement caractérisé par sa ligne svelte, voire émaciée, semble affligé d’une épaisseur de profil égale au tiers de la hauteur du fuselage, ce qui semble à priori exagéré et alourdit son allure. Au fil des pages, trois autres profils en couleur, ce qui intéresse souvent les modélistes, viennent le compléter, ainsi qu’un plan du magazine MRA dans un dernier chapitre consacré aux maquettes volantes.

Au final, cette monographie trouvera volontiers sa place sur toute étagère de passionné de l’histoire vélivole, ou de la construction aéronautique française en général. Ce sera aussi un beau livre-souvenir pour les privilégiés qui ont eu le plaisir de voler sur ce planeur, comme Jean-Pierre Tragin, un des témoins dont le récit est glissé dans le texte, qui nous rappelle qu’on appelait il y a peu encore « orchidée » un planeur beau et fin. Cette métaphore s’applique sans conteste à l’Edelweiss, mais c’est un peu le bouquet !

Jean-Noël Violette


80 pages, 21 x 29,7 cm (A4), couverture souple
0,530 kg


SIREN C30S Edelweiss
SIREN C30S Edelweiss

Avec l’aimable autorisation de
© Bleu Ciel Diffusion

SIREN C30S Edelweiss
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En bref

Bleu Ciel Diffusion

28 €