Suite et fin de l’histoire des Shirakawa : Tomoyuki, pilote d’essais de l’armée impériale japonaise, et Mariko, sa femme. Pendant que l’un teste de nouveaux appareils et s’inquiète de l’arrivée imminente du Boeing Superfortress, l’autre se débrouille avec les restrictions et les espoirs de la vie quotidienne et familiale.
Takizawa poursuit donc son récit croisé, au sol et dans les airs, en ce début 1945 qui vit les Américains réduire Tokyo en cendres. Toujours très soigneux sur le plan technique, il souligne aussi les petits paradoxes du Japon d’alors, où il était moins difficile pour un pilote de Zero de se procurer un Leica IIIc que pour sa famille de manger à sa faim.
Le parallèle entre vie terrestre et vie aérienne, leitmotiv de Sous le ciel de Tokyo… ©Éditions Delcourt
Le dessin est évidemment impeccable, le rythme narratif également. Le manque d’émotion peut surprendre le lecteur : l’auteur évite toute surenchère et, au contraire, joue la retenue, ne laissant transparaître les drames qu’au détour d’une phrase ou d’un dessin. Jusqu’à sa conclusion, quelques semaines après la capitulation, le récit reste donc plutôt réservé, ce qui à sa façon met en valeur le caractère bien trempé de ses héros. Takizawa adoucit tout de même certains passages avec une discrète touche comique, comme les commentaires des civils qui entrevoient les « pin-up » dénudées des bombardiers américains… éclairés par les flammes de Tokyo.
Durement tendre, tragi-comique et doux-amer, Sous le ciel de Tokyo… est une vraie réussite, juste un peu gâchée par une traduction approximative dans le domaine technique.
Franck Mée
208 pages, 12,8 x 18,2 cm, relié
0,188 kg