Début 1941. Aux USA, Franklin D. Roosevelt n’a pas été réélu. C’est Charles Lindbergh, dont on connaît une admiration certaine pour l’Allemagne d’Hitler, qui préside désormais à la destinée des USA, avec une profonde aspiration isolationniste. Quant au Royaume-Uni, on comprend qu’il a signé la paix avec un IIIe Reich toujours aussi nazi. Staline subit quant à lui le sort qu’Adolf Hitler a pu redouter pour lui : enchaîné et en cage, il est exhibé dans un stade olympique de Berlin noir de monde. Et la France, dans tout cela ? À Paris, c’est toujours le tandem Pétain-Laval qui est aux commandes, tandis que Charles de Gaulle est à la Martinique, avec le soutien des Américains.
Cela dit, la germanophilie pro-nazie de Charles Lindbergh a ses limites, car « l’aigle solitaire » entend bien gagner une course à l’espace entamée par une Allemagne spatiale que Werner von Braun a placée en position prééminente. Situation préoccupante pour les USA, car si une fusée est capable de rejoindre l’espace, elle est nécessairement en mesure d’atteindre une cible de l’autre côté de l’Atlantique.
Voilà le décor planté pour une nouvelle uchronie de Richard Nolane, auteur et scénariste particulièrement rodé à ce type d’exercice, avec un synopsis que l’on devine plein de surprises. Les services secrets d’un Lindbergh en fin de mandat n’ont qu’une solution : se procurer les « cerveaux » qui manquent aux USA. Bien évidemment, nous sommes d’emblée au-delà de la simple fusée A4 (V2). Si le début de l’histoire voit évoluer un Focke-Wulf Fw 200 Condor, nous verrons intervenir des appareils moins anodins, comme l’hydravion Blohm & Voss BW 238, un hélicoptère Flettner Flettner Fl 282 et des Focke-Wulf Ta 183.
C’est une aventure palpitante qui commence, mise en scène par des spécialistes du genre, avec comme d’habitude un scénario et une imagerie convaincants, où les pages (et a fortiori l’album) ont une unité certaine. Ceci n’est qu’un premier tome et il faudrait être devin pour imaginer la trame du volume suivant : le scénariste est réputé pour son esprit fécond et ses capacités à jongler avec les possibilités historiques, d’autant plus qu’il a ouvert bien des pistes dans ce Duel d’aigles. Notons que pour ne pas rompre avec une bien sympathique habitude, Richard Nolane nous propose une « retranscription » d’une interview du professeur Ananoff, avec un argumentaire singulièrement étayé.
Un dessin de Maza toujours aussi efficace (avec un progrès perceptible dans la représentation des visages de personnages connus) et un scénario méritant un prix d’excellence, nous sommes en présence d’une bande dessinée prometteuse, qui sera sans doute du niveau de Wunderwaffen.
Philippe Ballarini
48 + 8 pages, 21,5 x 29 cm, relié couverture rigide
0,624 kg
Dessin : Marko Nikolic ; Couleurs : Digikore Studios
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Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Soleil
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