Special Air Service

1940-1945
L’épopée d’un parachutiste en France occupée
Edgar Tupët-Thomé

Quelle heureuse initiative ont eue les éditions Atlante éditions de rééditer le livre incontournable, aujourd’hui introuvable, d’Edgar Thomé, FAFL, l’un des 35 derniers Compagnons de la Libération toujours avec nous.

La relecture de cette épopée d’un lieutenant qui commanda un stick de parachutistes de l’Infanterie de l’Air lors de la Libération, est d’autant plus pertinente quelle s’inscrit dans les nombreux ouvrages et travaux qui viennent de paraître sur la France Libre, ses 58 000 volontaires et ses grandes unités. C’est imbibé de cette culture nouvelle qu’il convient de relire l’ouvrage de cet étudiant en théologie qui s’engagea à 18 ans en 1938 et fit la « drôle de guerre ». Son statut de prisonnier s’accommodant mal à son caractère d’Ardennais bien trempé, il s’évada et devint l’un des premiers agents secrets de la France Libre dans le réseau que développa Roger Wybot à Marseille. Il rejoignit Londres par l’Espagne en compagnie de Le Tac et Forment de retour de la première mission parachutée du BCRA en France. Après s’être affranchi, événement peu banal, du séjour à la Patriotic School il fit connaissance avec les « ronds de cuir » de la France Libre de Carlton’s Gardens et de Camberley, rassemblement d’ « officiers sans troupes et de troupes sans officier ». L’auteur dresse alors des portraits sans complaisance de ses rencontres.

Au cours de son entraînement de parachutiste, Edgar Thomé trouva auprès des Britanniques la rigueur et l’efficacité qui convenaient bien à son tempérament. Il fréquenta au cours de ses formations des hommes qui le marquèrent, comme Max, qu’il découvrira plus tard comme étant Jean Moulin, ou Fred Scamaroni.

Parachuté en France une première fois le 9 décembre 1941 comme agent, il rentra six mois plus tard en Angleterre, piaffant d’impatience de rejoindre une unité combattante. Après des missions de recrutement à Saint Pierre et Miquelon et aux Antilles, Edgar Thomé se retrouva de nouveau à Camberley pour rejoindre les SAS intégrés au commandement britannique. Entre Bourgouin et Château-Jobert, il choisira ce dernier et prendra le commandement d’un stick de la 2e Compagnie du 3e RCP. Alors que ses camarades sont parachutés dès le 5 juin 1944 en Bretagne, il devra attendre la pleine lune du 3 août pour les rejoindre.

« Attaquer, détruire, tuer, disparaître » : le lieutenant Thomé et ses 9 parachutistes appliquent ces règles des SAS et neutralisent la centaine d’hommes de la Kommandantur de Daoulas et libèrent la ville. On remarquera que l’auteur, lors de cette opération, préféra neutraliser la sentinelle à la grenade plutôt qu’à la dague ! Un peu plus tard il libère Landerneau.

Après un retour en Angleterre, il est parachuté une seconde fois le 27 août dans le Jura et prend Clerval mais échoue à préserver le pont qu’il devait sécuriser. Il rejoint alors une division américaine dont la stratégie s’accommode mal avec celle des SAS. La critique du commandement de cette unité est particulièrement sévère.

Edgar Thomé sera parachuté une troisième fois en Hollande en avril 1945 où le trouvera l’armistice.

Il faut lire ou relire ce récit, bien écrit et passionnant d’un combattant peu ordinaire de la France Libre avec la connaissance que l’on a maintenant de l’histoire de cette époque.

Philippe Bauduin


256 pages, 15,5 x 24 cm, couverture souple

En bref

Atlante

ISBN 978-2-912671-35-3

22 €