Si l’on parle de la guerre aérienne durant le dernier conflit mondial, il serait bien étonnant que le Spitfire ne soit pas rapidement cité. Pour l’empire britannique, c’est quasiment une évidence dès que l’on ne parlera pas des bombardiers ; pour les forces de l’Axe, il apparaît vite comme l’un des opposants majeurs de par sa présence tout au long du conflit et sur chaque théâtre d’opérations. Pratiquement incontournable donc, il est par contre assurément légendaire par le fait que des très rares avions en service et produits d’un bout à l’autre du conflit, il s’en distingue comme étant le seul dont le développement se poursuivit une fois les hostilités achevées.
Il n’était donc pas évident d’embrasser cette riche histoire et de la faire tenir en cent cinquante-huit pages. Robert Jackson y parvient avec un certain bonheur, n’hésitant pas à retracer les origines de la maison Supermarine et même avant, le contexte aéronautique dans lequel évolua son créateur.
Abondamment illustré, à moitié par des vues d’époque, à moitié par des clichés des versions volantes préservées (six machines détaillées par huit à dix photographies) ou d’éléments préservés et témoignant du quotidien des pilotes et de leurs combats, ce livre est assurément une bonne introduction à la chose aérienne à travers cet avion « rageur », « colérique » (traduction de spitfire, et non pas « crache-feu » comme se plaisent à le dire nombre de Français). Toutefois, l’étendue du sujet et la façon de l’aborder est un peu moins vivante que dans l’ouvrage B-24 : missions de combat, alors que de nombreux récits de pilotes y figurent également; la multitude de missions, la présentation des différents fronts et des versions, chaque fois avec pour unité de base la double page, amène des distorsions entre quelques sujets denses et d’autres à l’action plus restreinte. Les points de vue « chaîne de production » et « maintenance » sont oubliés, mais l’auteur, à force de resituer le Spitfire dans les différents contextes qu’il affronta, finit par dresser une histoire succincte des combats aériens de l’embrasement mondial.
Tout comme le livre sur le B-24 qui parait simultanément, E-T-A-I publie ici un ouvrage d’une lecture très accessible par la structure du récit, basé sur la double page et dont l’enchaînement parvient à couvrir l’essentiel de plus de quinze années intenses. Mais le sujet n’étant pas limité, le résultat est ici moins captivant (à peine) tout en présentant l’intérêt d’une vue moins centrée que l’exercice ne le fait traditionnellement. Voici deux ouvrages complémentaires par leurs sujets et leur approche, au même titre que ces deux avions le furent dans les cieux des années quarante.
François Ribailly
160 pages, 25,5 x 27,8 cm, relié + jaquette