Ce livre n’est pas un livre. À tout le moins, ce n’est pas un livre ordinaire. C’est l’objet grandiose à (s’) offrir à un adepte inconditionnel de la mythique trilogie de Georges Lucas, Star Wars, cette Guerre des étoiles qui, de 1977 à 1983, révolutionna le petit monde du cinéma de science-fiction et laissa une profonde empreinte dans l’histoire cinématographique. Cet objet est à la démesure des films qu’il évoque. Si chez les Anglo-saxons un « beau livre » est littéralement un ouvrage destiné à trôner sur une table de salon*, il va falloir revoir les dimensions de votre mobilier : une fois ouvert, la « chose », qui dans son emballage pèse près de 7 kg, occupe 87 cm de large sur 31 cm de haut (et 5,5 cm d’épaisseur). Et comme, comme c’est un « beau livre », priorité est donnée à l’iconographie, vous en prenez plein la vue avec des images de très grande taille, auprès desquelles une carte postale est l’équivalent d’un timbre-poste.
Tout bibliophile, même modeste, même débutant, le sait : les sous-titres, aussi discrets soient-ils, sont d’une réelle importance. Celui de Star Wars, les archives n’échappe pas à la règle. Il précise Épisodes IV-VI 1977-1983, ce qui signifie que l’ouvrage traite exclusivement de la trilogie originale, c’est-à-dire La guerre des étoiles – Un nouvel espoir (Star Wars – 1977), L’Empire contre-attaque (The Empire Strikes Back – 1980) et Le retour du Jedi (Return of the Jedi – 1983) qui représentent respectivement les épisodes 4, 5 et 6 de la saga sortie de l’imagination fertile de George Lucas. La « prélogie » de trois films relatant les épisodes I, II et III, qui précède chronologiquement la trilogie originale mais est sortie entre 1999 et 2005, est donc exclue de l’étude de Paul Duncan, de même que les épisodes faisant suite (VII, VIII et IX) et les films dérivés (Rogue One – 2016, L’aventure des Ewoks…) Ce ne sont pas les fervents dévots de Star Wars qui s’en plaindront, ceux-ci considérant souvent la sacro-sainte trilogie originale comme étant vraiment le « cœur » de la saga, les autres n’étant en quelque sorte que des adjuvants.
Si Star Wars, les archives est au livre « standard » ce que le Cinémascope est au 16 mm, la taille de l’ouvrage n’est pas son seul atout. L’imposant volume ne se résume pas à un bel objet ou à un splendide album. Le texte tient une place importante et permettra au lecteur de pénétrer dans le monde complexe de Star Wars et de le comprendre. En effet, la quasi-totalité du contenu écrit est sous la forme d’entretiens entre différents intervenants éclairés et George Lucas lui-même. C’est bien plus tonique et vivant que des explications ou des narrations, d’autant plus que le rythme des questions-réponses est soutenu. Compte tenu du volume de l’ouvrage et de la variété des questions, nous apprenons beaucoup sur cet univers créé par le scénariste à l’imagination féconde (n’oublions pas que nous lui devons également American Graffiti, les Indiana Jones…)
Quant à l’iconographie, si importante dans cet ouvrage, elle ne se limite pas à des photos de tournage ou à des extraits de film : au bout du compte, ceux-ci sont assez peu nombreux. Peu nombreux, mais souvent en pleine page, ce qui nous mène à des images de taille plus que confortable : 40 x 30 cm. Les illustrations sont aussi variées que nombreuses. Qui plus est, elles sont également originales : esquisses, projets d’affiches, schémas d’engins, concept arts*, extraits de story-boards*, croquis de costumes, rapports de scripte, photos de maquettes, pages de scénario, etc. Toutes les images sont légendées de manière à nous faire pénétrer dans les méandres de l’univers de Star Wars.
Côté façonnage, nous sommes chez Taschen, ce qui signifie papier de fort grammage et de belle qualité, reliure élégante aux coins d’une robustesse à toute épreuve, impression excellente (que nous eussions préférée européenne, mais…) Certes, le tarif (150 €) ne met pas vraiment l’ouvrage à la portée de toutes les bourses, mais même sans sacrifier au sempiternel adage « Quand on aime on ne compte pas… », il faut convenir que cet ouvrage superbe autant qu’édifiant vaut bien ce montant : on voit assez mal comment l’éditeur aurait pu le proposer à un prix inférieur. Les fans de Star Wars n’ont pas d’autre choix que de casser leur tirelire.
Philippe Ballarini
604 pages, 41,1 x 30 cm, demi-reliure
7,050 kg
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Taschen
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Taschen
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