L’auteur a souhaité pouvoir user d’un droit de réponse à cet article.
Les lecteurs de la l’Aérobibliothèque qui arpentent la Toile connaissent certainement Alain Fradet dont les photographies aériennes apparaissent régulièrement sur l’excellent site Survol de France, tandis qu’il a également participé à divers sites web consacrés à l’histoire de l’aérodrome de Limoges-Feytiat, qui est précisément le thème de ce petit ouvrage.
Il aborde les différentes facettes de l’histoire relativement dense d’un aérodrome dont l’existence couvre à peine plus de quarante années, ce qui ne l’empêche pas de se doter dès ses premières années d’infrastructures importantes, aujourd’hui remplacées par un vaste complexe sportif. On regrettera que les édiles limougeauds n’aient d’ailleurs pas fait preuve d’un peu plus de discernement architectural en laissant démolir une aérogare et un hangar assez originaux, rares témoins de cette vague de bâtiments aéronautiques apparus entre les deux guerres, mais ayant été presque entièrement effacés dans les bombardements de 1940-44. On notera que le hangar en béton armé, dont la dalle reposait sur quatre pieds centraux pour en permettre l’accès par trois côtés, a connu une réplique sur le terrain du Havre où elle existe toujours.
L’histoire du terrain de Feytiat commence donc en 1933, mais son existence est envisagée dès 1928, alors que les quelques pilotes locaux utilisent alors depuis deux ans la plate-forme du Mas de l’Age située au nord de la ville de Limoges, et qui disparaîtra avec l’ouverture du nouvel aérodrome. Celui-ci abrite bien sûr l’Aéro-club du Limousin et les réservistes du GAR/GAO, mais sa position au centre du pays lui permet de voir passer de nombreux appareils civils et militaires. Toutefois, son développement prometteur est rapidement remis en cause par son environnement dont le relief n’est pas compatible avec l’établissement de procédures aux instruments pratiques. Après une deuxième Guerre Mondiale qui voit peu d’activité aérienne locale, la plate-forme va tout de même survivre jusqu’à la fin des années soixante, quand la naissance de la compagnie Air Limousin rend inévitable le déménagement des installations vers un site plus dégagé sur lequel il sera possible de se poser réellement par tout les temps…
Disons-le carrément, cet ouvrage est particulièrement décevant. Alain Fradet, qui est pilote privé et Peintre des Armées, n’a pas l’excuse de l’érudit local dont l’horizon aéronautique est borné par l’Histoire de l’Aviation de la Bibliothèque Municipale. Premier loupé, comment peut-on encore écrire l’histoire d’un aérodrome sans un plan ni une vue aérienne d’ensemble ? Mais surtout, l’ensemble est parfois confus, voire approximatif et l’on a trop souvent le sentiment d’un empilement de données glanées à droite ou à gauche, mais sans le réel souci d’en faire une bonne synthèse : après un paragraphe consacré à l’inauguration de l’aérogare en 1938, on passe à une ligne aérienne vers Paris – par quelle compagnie ? – supprimée en 1936 ! ; l’Armée de l’Air utilise beaucoup l’aérodrome en 1939, mais on n’en saura pas plus… sans parler de la dénomination vague des appareils décrits comme par exemple Moth Morane, XIA, Gourdou-Lesseure 180 cv Hispano, directement sortis des documents de l’époque, mais sans intérêt pour le curieux occasionnel et indigne d’une étude sérieuse. Si beaucoup d’archives ont disparu, il en reste suffisamment cependant pour reconstituer très précisément l’identité des appareils utilisés localement avant 1939, en recoupant les rapports de gendarmerie fait à l’occasion de meetings en particulier (on préférera sourire du McDonnell Douglas DC-3 qui reviendrait à dire que Louis Blériot a traversé la Manche sur un EADS type XI…)
Ne craignant pas le paradoxe, on peut cependant affirmer que l’amateur d’Histoire des aérodromes trouvera ici un grand nombre d’informations, pourvu qu’il y mette un peu d’ordre, en attendant qu’Alain Fradet nous livre une version complètement revue et corrigée de son travail.
Pierre-François Mary
96 pages, 14 x 20 cm, broché
Droit de réponse de Monsieur Alain Fradet
J’ai découvert les archives (de 1929 à 1972) de l’aéro-club du Limousin au début des années 80 abandonnées dans des cartons au fond d’un hangar. Avec le président d’alors Richard Berland, nous les avons préservées et classées. Depuis, je les ai complété par de nombreux témoignages et documents recueillis auprès de ceux qui ont connu l’aérodrome de Limoges-Feytiat. En 2001, j’ai présentée une première exposition de peinture dont chaque tableau racontait un morceau d’histoire de l’aviation Limousine. En 2002 je suis intervenu auprès d’une association pour qu’elle acquière le GC01 F-PHFG qui est actuellement l’unique appareil survivant de l’aérodrome en Haute-Vienne. En 2008, le Maire de Feytiat m’a demandé de mettre en place une exposition retraçant l’histoire des deux premiers aérodromes de Limoges. Pour cette exposition qui a reçu 5000 visiteurs en 10 jours nous avons eu le concours du Musée de l’Air et de l’Espace et du Musée Régional d’Angers. Le MAE a accepté pour cette exposition de sortir de ses réserves le Gourdou Leseure F-APOZ (exemplaire unique) qui a appartenu à un pilote Limougeaud. Gérard Feldzer et Christian Ravel directeurs de ces deux musées ont visité l’exposition et nous ont assuré de leur collaboration pour nos activités à venir. Début 2009, j’ai fais parti des membres fondateurs du Conservatoire Aéronautique du Limousin qui se donne pour but de préserver et compléter les archives de l’aviation en Limousin et de les présenter au public.
À l’occasion de l’exposition de 2008, les éditions Culture et Patrimoine en Limousin, m’ont demandé d’évoquer l’histoire de l’ancien aérodrome de Limoges-Feytiat, mais en m’imposant 80 pages au format 15x21cm et se réservant le choix des illustrations. À la vue de ces paramètres très restrictifs, j’ai changé le titre de mon manuscrit qui est devenu « Survol d’aérodrome » indiquant bien qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un récit historique complet. Les nombreux témoignages reçus me font penser que ce petit livre a rappelé beaucoup de souvenirs à ceux qui ont vécu cette époque. Ceux qui ne l’ont pas connu ont apprécié ce récit anecdotique qui est le premier du genre depuis la fermeture de l’aérodrome en 1972. Mon seul but était de rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont écrit les belles pages de l’Aviation Limousine.
Les archives du Conservatoire Aéronautique du Limousin sur l’ancien aérodrome, sont beaucoup plus complètes que celles de la bibliothèque municipale. Elles sont à la disposition des historiens et Auteurs qui souhaiteraient écrire une histoire complète et détaillée de l’aérodrome. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec le conservateur des archives municipales de Limoge qui apprécie notre démarche. Deux projets complémentaires sont actuellement à l’étude pour la création à Limoges d’un « musée » ou « maison de l’aéronautique » où seraient présentées nos collections. Le Musée de l’Air nous a fait savoir que lorsque nous disposerons d’un local, nous pourrons ramener le Gourdou Leseurre à Limoges.
Enfin, avec l’association Les Ailes Limousines, qui préserve le GC01 et fait voler deux Léopoldoff semblables à celui qui larguait les parachutistes à Feytiat, nous avons restauré et nous faisons voler le Broussard N°86 F-GFMN. De plus, nous avons assuré la logistique technique pour le transfert du fuselage du Reggiane R2002 Ariete (il n’en reste que deux au monde) du Musée de la Résistance de Limoges.
Alain Fradet
– Liens :
L’expo de Feytiat octobre 2008
Le Conservatoire Aéronautique du Limousin
La restauration du Broussard
Les Ailes Limousines
Alain Fradet Peintre Aviation