Jean-Paul Morel, alors âgé d’une vingtaine d’années, est entré à la Swissair en 1974 pour y occuper différents postes en escales, de par le Monde. Mais il est surtout le fils de Marc Morel, qui dirigea l’antenne parisienne de la compagnie helvétique à partir de 1947 et jusqu’à sa retraite en février 1962. Cet ouvrage est donc une double et admirative déclaration d’amour, celle d’un fils pour son père, et celle d’un citoyen suisse pour le grand transporteur aérien de sa nation-mère. Il pourrait être résumé par les mots-même de l’auteur dans son avant-propos : « Ce livre n’est pas l’historiographie officielle de notre Swissair mais plus simplement le récit de la destinée unissant ma famille aux débuts de l’aviation commerciale ».
De fait, la trame générale est quand même celle de l’histoire de la Swissair, essentiellement à son apogée au cours des Trente glorieuses, et donc hélas sans la fondation de la compagnie dans les années 30. Mais l’ouvrage est aussi émaillé de multiples souvenirs de famille. C’est notamment le cas pour la riche iconographie bien souvent en couleurs, mêlant de nombreuses photos d’avions et d’aéroports, et d’autres pièces sur lesquelles nous reviendrons, avec des clichés et des reproductions de documents familiaux. Pour ce qui est des photos « aériennes », on peut juste regretter que certaines soient très pixelisées, et que la source ne soit pas mieux indiquée : on ne trouve mentionné en fin d’ouvrage comme crédit photo qu’un « LTH Zurich’s platform for images ».
Au fil des chapitres, on trouve un arrêt sur image sur quelques appareils mythiques utilisés par la compagnie : DC-3, DC-4 et autres avions de transport ultérieurs de chez Douglas, Convair 240, 440 et Coronado, Caravelle, Boeing 747, différents types d’Airbus, etc. On s’intéresse aussi aux principaux aéroports suisses utilisés : Genève-Cointrin, Zürich-Kloten, Bâle-Mulhouse, et à quelques autres escales à l’étranger dont bien entendu les plateformes parisiennes.
A mi-parcours, pendant une quarantaine de pages traitant des années plus récentes, le livre se transforme un peu en plaquette publicitaire d’entreprise dans laquelle, pour les différentes branches, sociétés et holdings les logos se mettent à remplacer la police du texte.
Puis, et c’est toujours un plaisir quand les initiés nous laissent un peu pénétrer leur cœur de métier, un chapitre regroupe des anecdotes amusantes racontées par Marc Morel et d’autre employés.
Pour finir, Jean-Paul Morel nous présente sa collection philatélique dédiée, et une belle rétrospective d’affiches anciennes de la Swissair.
Il manque peut-être un épilogue mentionnant l’agonie de la compagnie, sa mise en faillite fin 2001 et l’arrêt de son activité en 2002, voire la reprise des restes en les fusionnant avec Crossair pour devenir la compagnie Swiss (International Air Lines).
On peut noter quelques passages surprenants :
* page 17, mais après tout ce peut être un point de vue, l’affirmation que la grande histoire de l’aviation commerciale commence le 7 octobre 1933 avec la création d’Air France.
* page 17 également, toujours en 1933 : « Dans la lettre qui figure page suivante, il faut remarquer la phrase suivante : ‘M.Soulié assurera le service de propagande’, un terme qui en dit long sur l’ambiance délétère qui régnait à l’époque ». Cela semble surtout un contresens, le terme propagande avait alors un sens publicitaire différent de celui qu’il aura ultérieurement outre-Rhin.
Mais, au total, le livre est de bonne tenue, vue sous un angle « aérobibliothécaire ». C’est surtout un ensemble parfois hétéroclite, mais plein de charme, soulignant bien le côté « humain » de cette aventure passionnante.
Jean-Noël Violette
232 pages, 25 x 27,5 cm, relié couverture rigide
0,900 kg
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Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Nicolas Junod
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