Nous sommes en octobre 1944. La Hongrie, comme l’Allemagne, voit se resserrer la tenaille entre armées alliées. C’est dans ce contexte que les escadrons 102/1 et 102/2 doivent mener une attaque sur la gare d’Orosháza, prise par les Soviétiques. Ils sont équipés de Messerschmit Me 210Ca-1, version autochtone du 210. Enfin débarrassé de ses problèmes de jeunesse, celui-ci est un bombardier rapide performant, capable de rivaliser avec certains chasseurs.
Après une dizaine de planches de présentation de la situation historique, Gyula Pozsgay conte une histoire simple : une seule mission, 1h06 de vol. Il concentre son récit sur l’escadron 102/2 et plus particulièrement sur l’avion du « vieux tigre », son leader. Le grand-père de l’auteur était mitrailleur arrière de celui-ci, mais il ne s’agit pas pour lui de conter un récit familial : l’hommage à l’aïeul passe par une narration factuelle, directe, nourrie des rapports des différents témoins. C’est une vraie histoire de combat aérien, centrée sur les événements, dans un tourbillon d’action.
L’auteur montre peu de visages, mais ils sont aussi justes que les appareils.
Ce récit simple et entraînant est parfaitement soutenu par une mise en page dynamique et un graphisme extrêmement élégant. Le trait « BD », épuré et précis, s’accompagne d’une mise en couleurs proche de la peinture d’illustration. Les reflets sur les carlingues sont aussi soignés que les filés des arrière-plans et les lignes lumineuses de balles traçantes.
Tout n’est pas parfait et certains détails feront lever un sourcil aux pinailleurs, par exemple les choix de traduction : pourquoi appeler les escadrons 102/1 et 102/2 « Eagle » et « Tiger », plutôt que « Sas » et « Tigris » (en version originale) ou « Aigle » et « Tigre » (en français) ?
Mais dans l’ensemble, ce sont des détails qui ne devraient pas vous détourner de cet excellent album. De plus, c’est aussi une bonne évocation historique d’une tranche parfois oubliée de la Seconde Guerre mondiale. Comme pour Inferno, verticale Hambourg, voilà donc un album qui aurait sa place au rayon histoire du CDI d’un collège autant que sur les étagères des passionnés d’aviation.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
–
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
–
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet
–
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Paquet